Obama, une révolution américaine

Publié le par Jeune Afrique

obama08.jpgCet homme a quelque chose de fascinant. Something groundbreaking. « Quelque chose qui fait bouger le sol »…
Avec cette incroyable jeunesse, cette formidable confiance en lui, ce sourire, le magnétisme, la voix aussi. Et cet air tout à la fois de beau gosse, de gendre idéal et de rock star, qui masque à peine le phénoménal animal politique, un killer, qui a mis le power couple Clinton et l’establishment du pays dos au mur.
Je ne sais pas si Barack Obama gagnera les primaires de son parti. Et encore moins s’il sera élu président, the next commander in chief de la plus grande puissance de la planète. Mais ce que nous voyons est déjà est énorme. Révolutionnaire.
Il se passe quelque chose aux États-Unis, le pays de George W. Bush, des néoconservateurs, de Guantánamo, d’Abou Ghraib… Ce pays traumatisé par les attentats du 11 Septembre, par la guerre en Irak, par ses relations avec les Arabes, l’Orient, les musulmans. Ce pays-là est face à une formidable envie de changement de politique, de génération, de visage. Qui s’incarne dans un homme venu d’ailleurs, mais qui a eu la chance de naître à Hawaii (pour pouvoir être candidat)…
Il se passe quelque chose aux États-Unis, ce pays des « élites blanches », de la droite religieuse, des puissantes amitiés pro-?israéliennes. Ce pays où un homme de moins de 50 ans, à peine sénateur (il a été élu pour la première fois au Sénat des États-Unis en 2004), noir de peau, africain et musulman d’origine, dont le second prénom est Hussein, et dont la grand-mère vit quelque part dans un petit village du Kenya, peut briguer la Maison Blanche…
L’Amérique, immense, puissante et fragile, comme agitée par un mouvement perpétuel, est toujours en avance de quelque chose sur le reste du monde. La société la plus mélangée, la plus multiconfessionnelle, la plus multiraciale mais aussi la plus inégalitaire, la plus marquée par les préjugés et les bigoteries est en train de produire un homme d’État à son image. Un métis politique, culturel, religieux.
Cela suppose un certain courage collectif. Je ne suis pas sûr qu’un Barack Obama soit possible aujourd’hui en Europe (imaginez un homme venu d’Afrique, d’origine musulmane). Je ne suis pas sûr qu’un Barack Obama « inversé » (blanc ou même métis) soit possible en Afrique subsaharienne. Sans parler de l’Orient et du monde arabe (avec une personnalité d’origine chrétienne par exemple…).
Il se passe quelque chose aux États-Unis, cette étrange démocratie, rongée par les lobbies, par l’argent, parfois capable de sortir un être à part, imprévu, pour la présider. Un acteur vieillissant, un planteur de cacahuètes, un gouverneur saxophoniste…
Je ne sais pas si Barack Obama sera le prochain président des États-Unis. Ou s’il le sera un jour. Mais je l’espère. Je veux voir cette autre Amérique, jeune, décomplexée, ouverte sur le monde, inexpérimentée, celle que l’on voit dans les meetings du sénateur candidat, je veux voir cette Amérique-là prendre le pouvoir. Je veux voir ce qu’un homme différent, américain venu d’ailleurs, avec dans son cœur des traces d’Afrique, je veux voir ce que cet homme-là apportera à son pays et au reste du monde.

Publié dans LE MONDE

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