Centrafrique : Le Pouvoir de Bangui rompt le consensus

Publié le par Le Confident

Plus incendiaires les unes que les autres ,le pouvoir de Bangui ne ménage pas du tout l’opposition démocratique.

Dans son point de presse du mardi 1er Septembre 2009, au cours duquel, le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation avait pointé un doigt accusateur vers l’opposition, la taxant de vouloir freiner le processus électoral, M. Elie Ouéfio a réédité le même exploit, le vendredi 4 Septembre 2009, sur les ondes de notre consoeur Radio Ndéké Luka. Cette nouvelle déclaration est une réplique au point de presse de l’opposition démocratique du jeudi 3 septembre 2009. Au cours de ce point de presse, l’Union des Forces Vives de la Nation (UFVN) et l’entité ‘’ Autres Partis’’, regroupés au sein de la Concertation des Forces du progrès avaient suspendu leur participation à la Commission Electorale Indépendante jusqu’à la décision de la Cour Constitutionnelle, puisqu’ après la promulgation de la Loi portant Code Electoral, l’opposition a déposé une requête en annulation de la loi 09.009 du Août 2009 auprès de la Cour Constitutionnelle. Le Collectif des Forces du Progrès, qui a relevé des irrégularités dans le texte, a estimé qu’il doit être frappé de nullité compte tenu de l’inconstitutionnalité de certaines de ses dispositions notamment l’article 197. 

Des tergiversations de l’opposition

Informé de la situation, le ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation n’a pas apprécié cette démarche de l’opposition démocratique qui selon lui, fait retarder les souffrances du peuple centrafricain qui attend avec impatience les échéances électorales. Pour M. Elie Ouéfio, ce n’est qu’un subterfuge que recherchent certains partis et groupements politiques qui ne veulent pas aller aux élections. Il a signifié que ces partis ou groupements sont divisés puisque quelques formations en leur sein lui ont déjà fait parvenir leur liste. Par ailleurs, il a énuméré les pouvoirs publics, la majorité présidentielle, la Société Civile et les politico-militaires qui lui ont déjà fait parvenir la liste de leurs représentants à la Commission Electorale Indépendante. Excédé par ce que M. Elie Ouéfio considère comme les tergiversations de l’opposition, le Ministre de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a clairement signifié que la CEI peut démarrer sans l’opposition politique qui a refusé de faire parvenir la liste de ses représentants. La Commission Électorale Indépendante est chargée d’élaborer le budget qui doit être soumis aux partenaires au développement et aux bailleurs de fonds susceptibles de financer les élections. Pour le patron de l’Administration du territoire, plus on prend du retard, le budget des élections risque de ne pas être soumis à temps.

L’opposition, seule alternative d’alternance

Pour le Collectif des Forces du Progrès qui regroupe l’UFVN et les Autres Partis, l’altitude du Ministre Elie Ouéfio n’étonne guère, car ayant rompu le consensus préconisé par le dialogue politique inclusif et fait promulguer par le Chef de l’Etat un texte apocryphe, il cherche maintenant à mener le processus électoral pour masquer ses forfaits. Pour l’opposition, le ministre Elie Ouéfio veut user d’intimidation pour la ramener dans la précipitation à avaler ses couleuvres du patron de l’administration du territoire. Pour un leader de l’opposition, si M. Elie Ouéfio a en gestation un passage en force pour les élections de 2010, qu’il ne s’abrite pas derrière une absence du Collectif des Forces du Progrès à la Commission Electorale Mixte. Le Ministre n’a qu’à composer sa liste et la communauté internationale avisera. la Société Civile ne vise pas la prise du pouvoir. Elle a un rôle bien défini dans la Société. Les politico-militaires s’étaient constitués pour prendre le pouvoir par les armes. Mais depuis le dialogue politique inclusif, les données ont fondamentalement chargé et les différents groupes vont certainement opérer une mutation en parti politique. Donc, pour l’heure, souligne le même leader de l’opposition, la seule alternative crédible d’alternance donc de changement du régime demeure l’opposition démocratique. Organiser ces élections sans la présence du Collectif des Forces du Progrès ni la Commission Électorale Indépendante, ni lors des élections proprement dites, offrirait une crédibilité à ces consultations qui conditionnent l’avenir de toute une nation sur laquelle sont focalisés tous les regards ?

Des menaces et des intimidations

Le pouvoir de Bangui, selon l’opposition, est conscient des tripatouillages opérés dans le Code Electoral pour éloigner l’opposition démocratique de la chaîne de contrôle de la Coordination Nationale de la Commission Electorale Indépendante. Le consensus a été violé lorsque, de son propre chef, le ministre Elie Ouéfio a modifié les dispositions de l’article 12 du Code Electoral avant de le soumettre au gouvernement et ce, avec des arguments fallacieux pour que le président de la CEI soit désigné par les pouvoirs publics. Alors les débats n’étaient pas clos à propos de l’attribution du poste de premier vice-président de la CEI à l’UFVN, rompant le consensus qui n’était d’ailleurs pas atteint, le ministre Elie Ouéfio a soumis le décret de la création de la Commission Electorale Indépendante au Chef de l’Etat. Le texte faisait encore l’objet d’un débat. le Collectif des Forces de Progrès déclare qu’il prend acte des menaces et des intimidations du ministre de l’Administration du Territoire et que l’opposition ne se pliera pas à des injonctions qui n’ont de dessein que d’occulter les vrais débats autour de la démocratie et de la constitutionnalité des textes devant régir les élections : cette rupture du consensus, selon l’opposition, pourrait assombrir l’avenir du processus électoral, si jamais le pouvoir de Bangui persiste et signe dans sa logique d’exclusion après la rupture du consensus. Et l’opposition, regroupée au sein du Collectif des Forces de Progrès, de conclure : ’’ M. Elie Ouéfio, qui veut transcender les règles de fonctionnement d’un Etat de Droit, la démocratie et qui s’enferme dans sa tour d’ivoire en refusant de s’ouvrir au dialogue, portera la lourde responsabilité de ses actes devant les hommes et devant l’histoire’’.

Mardi 08 Septembre 2009
Madimba -Nimba

Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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