Centrafrique : Fidel Gouandjika obnubilé par la « prochaine victoire » de son patron Bozizé s’en prend aux leaders de l’opposition
Interrogé au téléphone vendredi en début d’après midi, le ministre centrafricain en charge de l’Agriculture et du développement rural, Fidel Gouandjika, s’est lancé dans une logorrhée à tout le moins invraisemblable et provocateur.
Petit rappel des faits : dans sa quête d’une réaction officielle du Gouvernement à propos de la protestation de l’UFVN (Union des forces vives de la nation) au sujet des nouvelles dispositions introduites de façon unilatérale par le pouvoir dans le projet du nouveau code électoral, L’Indépendant, à défaut du ministre en charge de l’Administration du territoire que nous avons fini par avoir ce jour en début de soirée, n’a pas manqué de s’approcher de son collègue Fidel Gouandjika dont on dit très proche du président centrafricain.
Après les amabilités d’usage, le monsieur agriculture et développement rural du régime de Bangui, a dressé un réquisitoire teinté de mépris et de propos somme toute orduriers contre la quasi-totalité des leaders d’opposition non sans préalablement prophétiser sur la « prochaine victoire de François Bozizé. « on s’apprête à célébrer la prochaine victoire du président de la république, d’ailleurs en dehors de lui, je ne vois personne d’autre qui peut gagner les élections », a déclaré Fidel Gouandjika, visiblement entouré de militants KNK en témoigne les bruits de fond et autres échos, qui perturbaient la conversation.
L’Indépendant a tout naturellement rebondit sur cette déclaration pour interroger le ministre sur son assurance qui frise l’euphorie surtout que le bilan de son patron à la tête du pays n’est pas si reluisant que ça, l’homme nous a répondu en ces termes. « Nous faisons 7 milliards de recette par mois, les fonctionnaires sont payés à termes échu depuis que le gouvernement est en place et en plus les centrafricains vivent bien et surtout en paix. Outre cette réussite, dites-moi entre nous, vous voyez quelqu’un en face ? Ziguélé est un taré qui n’a rien dans la tête, Tiangaye un épileptique qui peut faire un syncope au cours d’une manifestation officielle par exemple le défilé du 1er décembre, le peuple est loin de voter un type qui est souffrant, Pouzère est fini, Goumba est finalement parti mais on s’attendait à ça, quant à Kolingba, il est déjà envoyé aux archives nationales. Sérieusement, il ne reste plus que le président Bozizé qui est le véritable homme de la situation. Après ce second mandat, nous allons encore modifier la constitution pour qu’il se présente une troisième fois ».
Les intéressés sauront lui répondre.
A la question où a-t-il rangé ses ambitions présidentielles ? Fidel Gouandjika répond que « seuls les imbéciles ne changent pas ». Depuis que je suis au côté du président Bozizé, a-t-il dit, je suis éclairé par sa sagesse. Maintenant, je sais que pour se développer, notre pays à besoin de lui.
Voilà qui donne assez, nous le croyons, et lève tout autant, on l’espère, un coin de voile sur ce que François Bozizé et ses ouailles concoctent en coulissent pour tripatouiller les prochaines élections présidentielles et se maintenir au pouvoir au forceps.
A l’antipode de Gouandjika, chez son collègue en charge de l’Administration du territoire, Elie Ouéfio, que nous avons pu joindre après de nombreuses tentatives infructueuses, le discours est pondéré, et l’attitude responsable nous semble-t-il. Même si l’homme dissimule mal son mécontentement vis-à-vis de L’Indépendant, qui, selon lui, l’aurait accusé dans un article de vouloir ripoliner les circonscriptions électorales dans le grand ouest du pays pour assurer la majorité parlementaire au camp présidentiel, Elie Ouéfio, s’est mis d’accord avec nous sur le principe d’une interview exclusive.
Mais en attendant, il se dit surpris par les agitations de l’opposition, conduite par l’UFVN, qui à l’en croire, ignore la règle de la majorité, estime-t-il fondamentale en démocratie.
Maintenant que les dés sont jetés, la coalition de l’opposition ferait mieux d’adopter une vraie méthode de lutte différente des simples déclarations de principe plus que timorées. A défaut d’obtenir des concessions du pouvoir, l’UFVN se doit tout simplement de boycotter le processus électoral pour ne pas servir de caution morale comme ce fut le cas du dialogue politique inclusif, au hold-up électoral en préparation.
Mais d’ici-là, les colonnes de L’Indépendant restent ouvertes à toutes les réponses que ceux qui sont mis en cause voudraient bien apporter aux propos déplacés de Gouandjika.
Vendredi 26 Juin 2009
Adrien Poussou