Rdc : Rien n’a changé depuis Mobutu !

Publié le par Afrique Centrale Infos

"On ne sait pas quand on sera payé": comme Romain Mutumoyi, cadre d'un ministère à Kinshasa et syndicaliste, en attente de sa paie de mai, les fonctionnaires en RD Congo subissent des retards de salaires, une situation devenue quasiment la "règle".
Depuis au moins une décennie, les agents de l'Etat congolais perçoivent très rarement leurs traitements dans les délais, selon des sources syndicales.

Déjà, "à l'époque du président Mobutu (Sese Seko, 1965-1997), on avait quelques fois deux mois" d'arriérés, affirme le président de la Cour d'appel de Kinshasa-Gombe, Nsambayi Mutenda, premier responsable du syndicat national autonome des magistrats du Congo (Synamac).

Au fil des ans, le phénomène s'est transformé en une situation de quasi normalité, "une régle", selon lui.

Médecins ou militaires, magistrats ou enseignants, le million de fonctionnaires de la RD Congo vit désormais au rythme des salaires impayés ou versés au compte-goutte.

Même les ambassadeurs en poste à l'étranger ne sont pas épargnés: ils en sont à ce jour à douze mois d'arriérés de solde et quinze mois pour les frais de fonctionnement, écrivait la semaine dernière le quotidien Le Potentiel.

Leur situation semble cependant moins dramatique que celle des agents des postes et télécommunications, à qui l'Etat doit... 41 mois de salaires, soit trois ans et demi.

La plupart de syndicats reprochent au gouvernement notamment son manque de volonté pour résoudre ce problème.

"C'est de la mauvaise gestion, parce que quand nous avons des retards, eux (les dirigeants) n'en ont pas", fait valoir le président de la Cour d'appel.

Allusion faite aux ministres et députés qui perçoivent régulièrement et à temps leur paie.

Beaucoup plus critique envers le gouvernement, le patron du Syndicat libre du Congo, Romain Mutumoyi, affirme que la RDC est "dirigée par des extraterrestres qui confondent souvent leurs poches et les caisses de l'Etat".

"Non seulement le salaire est insignifiant, mais on nous le donne en retard", regrette ce cadre au ministère des Affaires sociales, ajoutant que le revenu moyen d'un fonctionnaire est de 35.500 francs congolais (Fc, environ 46 dollars US).

Au ministère du Budget, l'on impute ce retard à "l'indisponibilité des liquidités". Les recettes, trop "minces" à cause de la "mauvaise gestion", ne pouvant couvrir les 42 milliards de Fc (56 M USD) de la masse salariale, a affirmé un de ses responsables sous couvert de l'anonymat.

Mais le problème résulterait surtout de "la non maîtrise des effectifs des fonctionnaires" gonflés par des milliers d'agents fictifs, affirme l'ancien ministre du Budget (1991 et 2003), François Muamba, également député de l'opposition.

"S'il est impossible de connaître le nombre des agents, juge-t-il, alors n'allez pas poser la question de savoir combien on a besoin pour les payer correctement" dans ce pays d'Afrique centrale, qui dispose pourtant d'un sous-sol assez riche.

Conséquence, "la corruption, baptisée +tout le monde se retrouve+, s'est installée dans l'administration", commente-t-il.

"Quand vous ne payez pas quelqu'un, il est obligé d'aller voler" de l'argent, justifie pour sa part le syndicaliste Mutumoyi.

Les militaires, eux, n'hésitent pas à faire crépiter leurs armes, comme ce fut le cas mi-juin, lorsqu'un groupe a tiré sur des Casques bleus dans l'est du pays - sans faire de victime - pour exiger leurs arriérés.

Publié dans L'AFRIQUE

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