Centrafrique :pour la première fois, la rébellion est venue à Birao pour faire la paix

Publié le par A.F.P

BIRAO (AFP) - samedi 14 avril 2007 - 15h29 - Pour la première fois, les rebelles centrafricains sont entrés à Birao dans le silence et non dans le fracas des armes: cinq de leurs membres sont venus vendredi y signer un accord de paix avec Bangui en présence du président François Bozizé.

Ces cinq hommes de l'Union des forces démocratiques pour le rassemblement (UFDR) sont arrivés sans armes dans cette localité située à 800 km au nord-est de Bangui et symbole des affrontements avec le pouvoir: tombée sous le contrôle des rebelles en novembre, la ville a été reconquise un mois plus tard, puis de nouveau attaquée début mars.

Les murs troués de balles dans certains quartiers témoignent de ce passé mouvementé.

Vers 15H30 (14H30 GMT), La foule de diplomates et de militaires ayant accompagné le président François Bozizé à Birao retient son souffle quand le chef de l'UFDR, Damane Zakaria, déploie son imposante carrure hors d'un véhicule tout-terrain.

Vêtu d'un costume civil coupé à l'africaine, il n'est accompagné que de quatre hommes, en treillis mais sans armes, et de l'ex-préfet de cette région de la Vakaga, dont Birao est le chef-lieu, le général Raymond Ndougou.

C'est ce dernier, principal artisan de l'accord de paix, qui est allé chercher le chef rebelle dans sa base de Tiringoulou, perdue à 150 km à l'est de Birao et à quelques kilomètres de la frontière soudanaise.

Pendant plus de six heures, dans un climat d'impatience, de tension et d'excitation, le président Bozizé et le général Lamine Cissé, représentant du secrétaire général de l'ONU en Centrafrique, ainsi que des diplomates onusiens et officiers centrafricains et français ont attendu l'arrivée de la délégation rebelle.

La poignée de main entre le chef de l'Etat et le chef rebelle est brève. Les soldats des Forces armées centrafricaines (Faca) ont été priées d'évacuer les lieux avant l'arrivée de Damane Zakaria.

Quelques instants plus tard, au centre de santé de la ville, récemment construit et épargné par les combats, Damane Zakaria signe l'accord avec le gouvernement centrafricain qui prévoit la "cessation immédiate des hostilités"

Tout au long de sa visite, le chef rebelle n'a pas un regard pour les officiers français et les hommes de la Légion étrangère qui sécurisent la ville.

L'armée française a joué un rôle déterminant dans le conflit, engageant à plusieurs reprises son aviation pour aider en décembre les Faca à reconquérir Birao et plusieurs localités historique du nord-est, tombées entre fin octobre et début novembre aux mains de l'UFDR.

Le 4 mars, au lendemain d'une nouvelle offensive avortée, la rébellion avait attaqué le détachement français dans la localité, fort alors d'une dizaine d'hommes, contraignant Paris à envoyer des parachutistes en renfort.

Plus d'un mois après les combats, la ville se relève très lentement de ses blessures.

De nombreuses maisons ont été incendiées dans les quartiers nord et sud de la ville: représailles des Faca envers des habitants suspectés d'accointance avec les rebelles mais aussi inimités au sein de la population, partagée notamment sur des lignes ethniques entre pro-gouvernement et pro-rebelles, racontent certains habitants.

Ils ne sont que quelques milliers en ville, loin des 14.000 habitants que compte normalement la localité, mais plus que les 600 dénombrés mi-mars par une mission de l'ONU.

"La présence militaire française rassure la population", explique le maire de Birao, Moustapha Ahmed, même si, selon lui, certains ont fui loin en brousse, jusqu'au Soudan, et ne sont pas informés de l'évolution de la situation.

Au marché, plusieurs commerçants ont réinstallé leurs étals mais se plaignent encore du manque de clients.

Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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