REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO - ELECTIONS : 30 JUILLET 2006 ; LES CONGOLAIS REECRIVENT L'HISTOIRE

Publié le par LE MONDE



Les Congolais ont voté en masse lors d'élections historiques
LEMONDE.FR | 30.07.06 | 18h04  •  Mis à jour le 30.07.06 | 18h08

es 25 millions de citoyens de la République démocratique du Congo étaient appelés à élire leur président et leurs députés, dimanche 30 juillet, se sont massivement rendus aux urnes, lors des premiers scrutins libres en plus de quarante ans dans l'ex-Zaïre.

Les premiers bureaux ont ouvert à 6 heures (heure locale et heure de Paris) dans l'est, et une heure plus tard dans l'ouest, où se trouve la capitale Kinshasa, en raison d'un décalage horaire dans ce pays grand comme l'Europe occidentale. Ils ont fermé à 17 heures. Aucun incident majeur n'avait été signalé à trois heures de la clôture des scrutins, mis à part l'incendie d'un bureau de vote à Mbuji-Mayi, fief de l'opposition dans le centre du pays.

L'atmosphère était pesante dans cette ville diamantifère à la mi-journée, après le jet d'un cocktail Molotov dans un bureau, qui n'a pas fait de blessé, selon la responsable du centre. Les bureaux de vote commençaient à se remplir dans les quartiers du centre et de l'ouest, mais dans les communes populaires de l'est, peu d'électeurs avaient osé passer outre l'appel à "rester à la maison" lancé par l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) de l'opposant Etienne Tshisekedi, qui boycotte des scrutins jugés "opaques".

Partout ailleurs, les électeurs votaient nombreux, dans un climat serein, malgré des cafouillages dus à l'inexpérience ou à une mauvaise organisation. "Même s'il y a des problèmes ici et là, il y a une participation massive à Kinshasa et dans tout le pays. C'est une réussite pur le peuple congolais", a déclaré à la presse Ross Mountain, numéro 2 de l'ONU en RDC, ajoutant : "organiser des élections dans un pays si grand, avec tous ses problèmes de logistique, c'est un petit miracle".

"C'EST LE GRAND JOUR QU'ON ATTENDAIT"

A Goma, ville de l'est marquée par la guerre, la "joie" supplantait l'impatience : "C'est vraiment une très grande joie. Depuis que je suis né, je n'ai jamais voté", a déclaré Jérôme Amza, 45 ans. Dans le territoire rural de Kabare, au Sud-Kivu (est), les électeurs, majoritairement des femmes, ont commencé à voter dans un silence recueilli, visiblement très émus."C'est le grand jour qu'on attendait", a déclaré Antoine Moninga, un chômeur de 41 ans habitant Kinshasa. "Nous allons avoir des dirigeants choisis par nous-mêmes. C'en est fini des gens qui ont toujours parlé au nom du peuple sans mandat".

Ces élections doivent mettre fin à une délicate transition lancée en 2003, après une guerre régionale de près de 5 ans ayant impliqué sept pays africains. Elles visent à départager 33 candidats au premier tour de la présidentielle, combiné avec des législatives à un seul tour où 9 707 prétendants se disputent 500 sièges. A Lubumbashi (sud-est), deuxième ville du pays, comme à Kinshasa, les interminables listes de candidats aux législatives (346 à 867 noms) imprimés sur des bulletins de 4 à 6 pages, laissaient les électeurs perplexes. L'agacement gagnait les files d'attente et les gens votaient hors des isoloirs, faute d'éclairage suffisant dans les bureaux.

Le dépouillement doit débuter dans les 50 000 bureaux de vote dès la clôture du scrutin. Les résultats du premier tour de la présidentielle seront connus d'ici à trois semaines et ceux des législatives communiqués au fur et à mesure dans les circonscriptions. Le président sortant, Joseph Kabila, est le grand favori de la présidentielle, face à ses ennemis d'hier, les ex-chefs rebelles et vice-présidents Jean-Pierre Bemba et Azarias Ruberwa, des mobutistes et des opposants. Bemba s'est affirmé au cours de la campagne comme son principal challenger.

Avec AFP

Publié dans L'AFRIQUE

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