RCA : 18 000 Centrafricains fuient les violences à la frontière du Tchad

Publié le par IRIN

Les organisations humanitaires présentes en République centrafricaine se hâtent d’acheminer des vivres et d’autres aides auprès de quelque 18 000 hommes, femmes et enfants qui fuient pour se réfugier dans le sud du Tchad, et dont la plupart ont trouvé refuge près de la frontière. La reprise des affrontements entre les groupes rebelles et l'armée régulière depuis le début du mois de février dernier a encore mis des milliers de personnes sur les routes, portant à près de 70 000 le nombre de réfugiés centrafricains au Tchad depuis 6 ans. La reprise des affrontements armés entre les groupes rebelles «déçus» des assises nationales de décembre et les forces régulières ont amené encore plus de 18 000 personnes sur les routes pour rejoindre le Tchad voisin où ils espèrent échapper à une guerre qui n'est pas la leur.

Alors que l'assistance humanitaire s'ébranle pour acheminer sur place l'aide nécessaire, des pluies attendues dans les prochaines semaines les empêcheront bientôt de se rendre auprès de ces réfugiés.
Pas moins de 100 Centrafricains continuent d’affluer chaque jour au Tchad, ayant fui pour échapper aux attaques armées menées contre les populations civiles, et aux affrontements qui opposent les rebelles aux forces armées du gouvernement.

«La saison des pluies a presque commencé et bon nombre de ces routes [qui mènent aux camps de réfugiés] vont devenir impraticables», a déclaré Annette Rehrl, porte-parole de la branche tchadienne du Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR).

«En gros, cela signifie que les réfugiés vont être coupés du monde», prévient-elle.

«La situation est pour le moment sous contrôle mais les conditions d’accès difficiles à cette zone durant la saison des pluies restent une préoccupation pour tous », annonçait un bulletin publié récemment par le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

D’après les responsables du HCR, les réfugiés ne seront pas réinstallés ailleurs. Selon la politique de l’organisme, pourtant, les camps de réfugiés devraient se trouver à plus de 50 kilomètres des frontières.

Le village de Daha, où sont installés environ 11 000 des 18 000 réfugiés, se trouve à quelques mètres à peine de l’Awok, la rivière qui délimite la frontière entre le Tchad et la RCA. Les réfugiés ne seront pas réinstallés ailleurs, a indiqué Måns Nyberg, du HCR.

Le gouvernement n’a pas accepté de leur affecter une zone, et la plupart des réfugiés ont dit souhaiter rester près de la frontière, mais selon Mahamat Nour Abdoulaye, coordinateur de la Commission nationale d’accueil et de réinsertion des réfugiés (CNAR), un organisme public, les réfugiés ont déclaré, pendant les missions menées par la CNAR dans la région, qu’ils ne souhaitaient pas se réinstaller ailleurs.

«Pour l’instant, nous ne prévoyons pas de réinstaller les réfugiés. Si nous devions les réinstaller, ce serait dans un autre département, à quelque 200 kilomètres de là ; ils ont dit qu’ils préféraient rester où ils étaient». a noté monsieur Abdoulaye.

Un grand nombre de réfugiés ont déclaré à IRIN qu’ils ne voulaient pas être réinstallés plus à l’intérieur du territoire tchadien et laisser derrière eux les membres de leur famille qui se sont réfugiés dans la brousse en RCA.

Bon nombre de réfugiés déclarent vouloir rester près de la frontière entre le Tchad et la RCA, pour ne pas perdre contact avec les membres de leur famille qui se sont réfugiés dans la brousse, dans le nord de la RCA. Des réfugiés vivent également dans le village frontalier de Massambagne, à une centaine de kilomètres au nord-est de Daha.

«Nous sommes particulièrement inquiets pour Massambagne, qui ne compte qu’un seul puits pour 1 000 habitants et plus de 1 000 réfugiés», a indiqué Ahmat Issa Outman, directeur par intérim des bureaux du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF) à Daha. Les autres réfugiés se trouvent à Betimera et Koi, plus au nord.

L’UNICEF et l’ONG Solidarité se hâtent de creuser des puits avant les prochaines pluies, alors que le Programme alimentaire mondial (PAM) a commencé à acheminer des vivres afin que ceux-ci soient disponibles avant les premières pluies.

Les familles ont reçu dernièrement des réserves de farine de maïs, de légumes secs et d’huile suffisantes pour deux mois, selon Jacques Baikita, assistant responsable de la protection au HCR, à Daha. Les Centrafricains de Daha ont déclaré que les civils étaient piégés entre deux feux, et que certains étaient accusés par le gouvernement de soutenir les rebelles.

Les 18 000 réfugies (qui ont fui par vagues depuis janvier) portent à environ 70 000 le nombre de Centrafricains qui se sont réfugiés au Tchad ces six dernières années, pour échapper au conflit armé.

Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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