CÔTE D'IVOIRE - FUNERAILLES : PLUS DE 4 ANS APRES SA MORT,LE GENERAL GUEI DERANGE TOUJOURS

Publié le par JEUNE AFRIQUE

Polémique autour de l'inhumation du chef de la junte ivorienne

CÔTE D'IVOIRE - 3 juin 2006 - AFP

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Pas encore annoncées, les prochaines funérailles du chef de la junte militaire ivoirienne, le général Robert Gueï, assassiné en septembre 2002 mais dont le corps est encore conservé à la morgue, suscitent déjà la polémique, sur fond d'accusations de sorcellerie.

Les partisans du défunt général ont été rendus furieux par des rumeurs de sa possible inhumation à Abidjan, et non dans son village natal de Kabakouma, dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, "parmi ses frères Dan" (ethnie locale).

L'affaire a éclaté après la publication par plusieurs quotidiens ivoiriens des plans d'un caveau qui serait actuellement en construction dans l'ancienne villa de M. Gueï, aujourd'hui propriété de ses enfants.

Cette nouvelle empoignade autour de la dépouille de l'ex-chef de la junte militaire qui renversa le président Henri Konan Bédié en décembre 1999 remet au gout du jour un interminable feuilleton macabre qui défraie régulièrement la chronique politique ivoirienne depuis quatre ans.

Au pouvoir jusqu'à octobre 2000, Robert Gueï avait été tué avec son épouse Rose le 19 septembre 2002 à Abidjan, aux premières heures d'une tentative de coup d'Etat raté contre le président Laurent Gbagbo. Son corps avait été retrouvé criblé de balle au bord d'une route de la capitale économique, non loin de sa résidence. Les auteurs de ces assassinats n'ont jamais été identifiés, et les partisans de Gueï accusent le clan du président Gbagbo de l'avoir fait assassiner.

Mystérieusement, et sans aucune explication officielle, les deux cadavres sont restés depuis lors conservés dans les chambres froides d'une morgue d'Abidjan. Le 5 mai, Rose Gueï a été finalement inhumée au cimetière de Port-Bouët, en banlieue d'Abidjan. Quelques jours plus tard, le président Gbagbo a promis un enterrement "avec les honneurs de la nation" pour son mari, affirmant laisser le choix du lieu à la famille. Celle-ci ne s'est pas prononcée publiquement jusqu'à ce jour. Interrogé vendredi, Franck Gueï, l'un des fils du défunt, assure que "rien n'a été décidé".

Mais les militants de l'UDPCI et les notables de sa région natale se disent convaincus que le choix est déjà fait. Et accusent le président Gbagbo de manipuler à son profit les enfants de l'ex-général putchiste. "Gbagbo veut avoir le corps près de lui, à sa disposition", affirme Jean Blé Guirao, président des jeunes de l'Union pour la démocratie et la paix en Côte d'Ivoire (UDPCI, opposition), formation créée en 2000 par M. Gueï.

L'hypothèse d'un enterrement à Abidjan a en fait relancé les accusations sur de supposés actes de sorcellerie et de mutilations qui auraient été pratiquées sur le cadavre. "Le corps a été mutilé, des organes ont été enlevés", n'hésitent pas à affirmer M. Guirao, qui désignent nommément "ceux qui dirigent le pays" et appellent les militants à la mobilisation.

"Nous voulons savoir si le corps de Robert Gueï est encore intact, ce corps existe-t-il encore?", se sont inquiétés des "ressortissants de Kabakouma" dans une lettre ouverte au chef de l'Etat. De son côté, la mouvance présidentielle dénonce une "exploitation bassement politicienne" par l'UDPCI des funérailles à venir. "Cette récupération politique ne repose sur rien", assure le ministre de la production animale Alphonse Douaty, membre du parti présidentiel et lui-même originaire de l'ouest.

"Laissons les enfants prendre la décision qui leur convient, et cela sans pression politique", déclare M. Douaty, en appelant au "respect de la mémoire des morts". En attendant l'annonce de la famille, des policiers surveillent désormais la résidence de M. Gueï, où l'UDPCI a appelé ses militants à se rassembler la semaine prochaine.

Publié dans L'AFRIQUE

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