L'ONU juge "impossibles" des élections libres au Zimbabwe

Publié le par Le Monde

Le Conseil de sécurité des Nations unies a estimé à l'unanimité de ses quinze membres, lundi 23 juin, qu'il était "impossible" d'organiser des élections libres et équitables au Zimbabwe du fait des violences et des restrictions imposées à l'opposition. Cette déclaration non contraignante, notamment acceptée par l'Afrique du Sud, la Chine et la Russie, constitue la première intervention officielle du Conseil de sécurité dans la crise au Zimbabwe.

"Le Conseil de sécurité déplore que la campagne de violence et les restrictions imposées à l'opposition aient rendu impossible la tenue d'une élection libre et équitable le 27 juin", peut-on lire dans cette déclaration. Le Conseil condamne également "le comportement du gouvernement qui a dénié à ses opposants politiques le droit de faire librement campagne". Elle a été adoptée à l'issue d'âpres négociations.

Une version initiale de la déclaration du Conseil de sécurité imputait explicitement la crise au régime de Mugabe et estimait que M. Tsvangirai aurait été un dirigeant légitime si le second tour ne pouvait être organisé. Mais un groupe de pays mené par l'Afrique du Sud et comprenant la Russie, la Chine, le Vietnam, la Libye et l'Indonésie, a fait valoir qu'il s'agissait d'une crise intérieure qui n'a pas à être débattue au Conseil et a de meilleures chances d'être réglée par une approche purement africaine et régionale. Le texte a donc été édulcoré, mais la version définitive relève néanmoins que le Conseil "note que les résultats des élections du 29 mars doivent être respectés".

Malgré la déclaration de l'ONU, le représentant du Zimbabwe à l'ONU a réitéré que le second tour de l'élection présidentielle était maintenu. "Pour ce qui nous concerne, l'élection aura lieu vendredi", a ainsi fait savoir Boniface Chidyausiku.

Arrivé en tête du premier tour, le 29 mars, mais redoutant pour la vie de ses électeurs, l'opposant Morgan Tsvangirai, qui s'est réfugié lundi à l'ambassade des Pays-Bas à Harare, a préféré se retirer du second tour, laissant la voie libre au président Robert Mugabe, au pouvoir depuis l'indépendance, en 1980.

"VOTE PRIVÉ DE TOUTE LÉGITIMITÉ"

Jusqu'à présent, le Conseil de sécurité s'était abstenu de se prononcer formellement sur la crise zimbabwéenne, notamment du fait des objections de l'Afrique du Sud qui prônait une "diplomatie tranquille" avec Harare. Mais la situation a considérablement changé avec l'annonce du retrait de M. Tsvangirai.

Dans la journée, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a enjoint le gouvernement zimbabwéen de ne pas maintenir le second tour ce vendredi, estimant que les résultats d'un tel scrutin manqueraient de légitimité. "Je découragerai fortement les autorités d'aller de l'avant en organisant comme prévu vendredi le second tour", a-t-il déclaré, se disant "angoissé" par la tournure des événements dans l'ex-Rhodésie blanche. "Cela ne ferait qu'aggraver les divisions et déboucher sur un résultat qui ne serait pas crédible." "Il y a eu trop de violence et trop d'intimidation. Un vote dans ces conditions serait privé de toute légitimité", a-t-il insisté.

Sans accuser explicitement le président Mugabe, Ban Ki-moon a toutefois dénoncé une "campagne de menace et d'intimidation" contre les citoyens du Zimbabwe et fait valoir que la crise avait un impact au-delà des frontières du pays, "menaçant la stabilité régionale en Afrique australe".

Publié dans L'AFRIQUE

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