Côte d'Ivoire : Gouvernement de Transition, ni vainqueur, ni vaincu

Publié le par ALL AFRICA

Un nouveau gouvernement. Le même en fait. Un partage du pouvoir dubitatif. Sa réussite est cependant dans le management. Les temps ont bien changé.

Il est effectivement loin le temps où, à la sortie de l'avenue Kléber, Guillaume Soro annonçait triomphalement à la presse, que son mouvement «avait obtenula Défense et l'Intérieur». Samedi, le Secrétaire général des Forces Nouvelles, devenu Premier ministre, a formé un gouvernement en laissant ces deux portefeuilles au régime Gbagbo. Il n'en est pas moins heureux pourtant. Son mouvement pense avoir réussi un bon coup. Il sont nombreux pourtant ceux qui en doutent. Ce n'est pas ainsi en effet qu'on percevait le partage du pouvoir entre les deux ex-belligérants amorcé depuis Ouagadougou. Tout au moins, apercevait-on, les Forces Nouvelles avec plusieurs ministères «stratégiques». Mais au finish, l'Economie et les Finances, les Mines, l'Education, la Défense et l'Intérieur sont aux mains de l'autre belligérant: le Chef de l'Etat Laurent Gbagbo. Sans doute entre janvier 2003 et avril 2007, Guillaume Soro a-t-il mûri. Assez mûri en tout cas pour comprendre que les ministères ne sont pas tout. Selon des indiscrétions, son mouvement a mis plus d'énergie à faire en sorte que ses alliés du G7 conservent leurs anciens portefeuilles et aussi à conserver le ministère de la Justice qu'à faire autre chose.

Ce n'était pas donné. Selon de bonnes sources, ce n'est que le matin du samedi que beaucoup de difficultés ont étélevées lors d'une conférence téléphonique à trois entre Blaise Compaoré, Laurent Gbagbo et Guillaume Soro. «Nous ne perdons jamais de vue ce pour quoi nous avons pris les armes c'est-à-dire la crise identitaire dans notre pays», explique un cadre des Forces Nouvelles. Ceci explique certainement l'acharnement des Forces Nouvelles à se maintenir au ministère de la Justice, un maillon essentiel du processus d'identification avec la Commission nationale de supervision de l'identification (CNSI) où siègent les représentants de chacun des signataires de Marcoussis. La Commission électorale indépendante (CEI) comme la CNSI de par ses prérogatives, sa composition et son fonctionnement enlève toute importance à certains ministères jugés par le passé, incontournables. Avec l'existence des CEI locales, le Préfet n'est plus vraiment la clef de voûte des élections. Le ministère de l'Intérieur n'est plus donc ce super ministère comme à l'époque de Emile Constant Bombet. N'empêche, «l'éléphant le plus maigre est toujours plus gros que le plus gros lièvre». La Défense ou l'Intérieur n'était donc pas superflu pour les ex-rebelles.

Mais ils ont fait leur choix. S'ils doivent rougir de n'avoir pas obtenu certains portefeuilles, le régime Gbagbo peut en faire autant pour n'avoir pas réussi à marginaliser l'opposition dans ce gouvernement. Au reste, Il faut saluer le sens de la mesure et de la flexibilité de Guillaume Soro et espérer qu'il sera un Premier ministre fort, un vrai chef de gouvernement, pour avoir sous sa coupole tous ces ministères. K.I.



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