GUINEE CONAKRY - GREVE GENERALE : "Ils tiraient sur les manifestants, pas au-dessus de leurs têtes. Ils frappaient les blessés au sol", Un diplomate à Conakry

Publié le par YAHOO ACTUALITES

Lansana Conté pointé du doigt après l'effusion de sang en Guinée

 

CONAKRY (Reuters) - La Ligue guinéenne des droits de l'homme a accusé mardi le président Lansana Conté de chercher à briser par la force la grève générale entamée il y a deux semaines pour réclamer sa démission, dont le bilan approche les quarante morts après les violents affrontements de lundi.

Dix-sept tués ont d'abord été signalés de sources médicales pour la seule journée de lundi à Conakry, mais la morgue de l'hôpital Donka a dit avoir reçu 33 corps à l'issue des manifestations, que les forces de l'ordre ont dispersé en ouvrant le feu.

LANSANA CONTÉ POINTÉ DU DOIGT APRÈS L'EFFUSION DE SANG DE LUNDI EN GUINÉE
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"Ils ont 33 corps. Mais le deuxième hôpital de la ville en a aussi. Il y a également eu des morts dans les faubourgs", a assuré Thierno Maadjou Sow, président de la Ligue guinéenne des droits de l'homme, interrogé par Reuters.

Six personnes ont par ailleurs été tuées dans l'est du pays et 150 blessés ont été recensés dans la capitale.

Les manifestants, qui répondent à l'appel des principaux syndicats, jugent que l'état de santé du chef de l'Etat, septuagénaire diabétique et gros fumeur, n'est pas compatible avec l'exercice du pouvoir.

En dépit des violences engendrées par un mouvement qui paralyse désormais le secteur de la bauxite, principal minerai de l'aluminium, dont la Guinée est le premier exportateur mondial, Conté semble inflexible et les syndicats réfléchissent à la marche à suivre après l'effusion de sang de lundi.

"Notre première exigence non négociable est la désignation d'un Premier ministre de consensus chargé de former un gouvernement, mais dans ce contexte, nous ne pouvons négocier", a déclaré Amadou Diallo, secrétaire général adjoint de la Confédération nationale des travailleurs guinéens (CNTG).

"UNE AFFAIRE DE FAMILLE"

La capitale semblait calme, mardi, mais de nouveaux accrochages mortels ont été signalés dans ses faubourgs. Ces informations n'ont toutefois pu être vérifiées.

"Il n'y a jamais eu de négociations", a poursuivi Diallo, ajoutant que le président-général au pouvoir depuis 1984, se présentait comme le donneur d'ordre auxquels on se doit d'obéir.

Ousmane Conté, fils du chef de l'Etat et capitaine dans la garde présidentielle, aurait lui-même dirigé les opérations menées contre les manifestants, selon les mouvements de défense des droits civiques, qui s'appuient sur des témoignages.

"C'est le fils du président qui contrôle les violences. Ça devient une affaire de famille", a souligné Sow.

Militaires et policiers postés aux abords du centre-ville ont ouvert le feu lundi lorsque les opposants de Conté, arrivés par milliers de banlieue, ont tenté d'y pénétrer, rapportent des témoins.

"Ils tiraient sur les manifestants, pas au-dessus de leurs têtes. Ils frappaient les blessés au sol", a affirmé un diplomate, sur la foi de ces témoignages.

Interpellés lundi en compagnie de plusieurs dizaines de collaborateurs, les dirigeants des deux principaux syndicats à l'origine de la grève ont été relâchés sur ordre présidentiel, a fait savoir la police.

Les Nations unies et l'Union africaine ont dénoncé le recours à la force et prôné le dialogue. Les observateurs craignent quant à eux l'éclatement d'un conflit ouvert aux conséquences incalculables, non seulement pour la Guinée, mais pour la Côte d'Ivoire, le Liberia ou la Sierra Leone, trois de ses voisins qui ont connu récemment la guerre civile.

Publié dans L'AFRIQUE

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