REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO - ELECTIONS 2006 : PAS DE RESULTATS ANTICIPES

 les candidats promettent de ne pas publier de résultats avant la CEI

Sofia Bouderbala

Kinshasa

Les camps des deux candidats au second tour de la présidentielle en République démocratique du Congo (RDC) se sont engagés à ne pas annoncer de résultats avant la Commission électorale, alors que le long processus de compilation des voix se poursuivait jeudi à travers le pays.

«Les mandataires des deux candidats ont convenu de s'interdire toute forme d'annonce des résultats, même (ceux) affichés dans les bureaux de vote et de dépouillement», selon un «acte d'engagement» publié jeudi et signé mercredi soir par des représentants des candidats, le président sortant Joseph Kabila et le vice-président Jean-Pierre Bemba.

Ils s'engagent aussi à «ne faire usage des résultats signalés sur les fiches des résultats (procès-verbaux des 50 000 bureaux de vote) que pour des besoins de vérification» des résultats compilés et qui seront publiés par la Commission électorale indépendante (CEI).

Dès le lendemain du vote, le président de la CEI, l'abbé Apollinaire Malu Malu, avait mis en garde les deux camps, alors que commençaient à circuler de faux résultats, donnant alternativement vainqueur l'un ou l'autre des candidats.

Mercredi, il a à nouveau dénoncé un «jeu dangereux», alors que les troupes des présidentiables, deux ex-belligérants de la guerre sur le sol congolais (1998-2003), se sont affrontées à l'arme lourde en août à Kinshasa, à quelques heures de la publication des résultats du premier tour.

Jeudi, la force européenne Eufor, qui dispose de 1.400 soldats à Kinshasa en appui aux 17.600 Casques bleus de l'ONU en RDC, a mis en garde contre toute violence post-électorale et appelé à la patience les Congolais dans l'attente de la publication des résultats, «mission qui incombe à la CEI et à elle seule».

«Nous ne tolèrerons pas l'utilisation de la violence par un petit nombre, contre le peuple, ses représentants ou les différents acteurs nationaux ou internationaux présents en RDC», a déclaré le porte-parole de l'Eufor, le lieutenant-colonel Thierry Fusalba lors d'un point de presse à Kinshasa.

En fin de journée, les 43 bureaux de vote ouverts vers 03h00 HNE à Fataki, en Ituri (nord-est), s'apprêtaient à fermer, clôturant définitivement le vote pour la présidentielle et les provinciales combinées.

Les bulletins et matériel électoral y avaient été détruits par la population en colère après le meurtre de deux agents de la CEI par un militaire.

Les compilations sont en cours dans les 62 centres aménagés à cet effet dans le pays.

La CEI devrait commencer à publier la semaine prochaine des résultats partiels, avant de publier d'ici le 19 novembre les résultats provisoires complets. Ils ne deviendront définitifs qu'après leur proclamation, à la fin du mois, par la Cour suprême de justice, chargée du contentieux.

Après une campagne émaillée d'incidents violents entre partisans des deux camps mais suivie d'un vote globalement calme, aucun incident grave n'a été signalé dans le pays.

À Kinshasa, une polémique sur une panne des deux télévisions de M. Bemba, muettes depuis plusieurs jours, menaçait toutefois de s'envenimer et pourrait «faire remonter la tension» si aucune solution n'était rapidement trouvée, selon des sources diplomatiques.

Le direction de Canal Congo TV (CCTV), tout en reconnaissant un problème technique, accuse la société gérant un site d'émission de la capitale de l'empêcher d'installer un «faisceau mobile» en attendant la livraison de pièces de rechange. La société affirme que la chaîne a cherché à créer «des incidents» et déclare qu'il est momentanément impossible «pour des raisons techniques» de procéder à de nouvelles installations sur son site.

Estimant que «la mauvaise foi» était «bien partagée», une source diplomatique a déploré que l'un des deux candidats soit de fait privé de ses médias, quelle que soit la raison «technique» à l'origine de cette situation.