CÔTE D'IVOIRE - REUNION DE L'UNION AFRICAINE DU 17 OCTOBRE 2006 : LA PAIX D'ADIS - ABEBA ?
Les participants à la réunion d'Addis-Abeba ne partent pas de zéro. Ils disposent des "recommandations" faites à leur intention par les pays d'Afrique de l'Ouest réunis dans le cadre de la Cedeao (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest) il y a dix jours au Nigeria.
Leur contenu a été tenu secret mais, sur la base du - fade - communiqué final, les commentateurs en avaient déduit que les "recommandations" n'apportaient rien de neuf sur la question clé de la répartition des pouvoirs entre le chef de l'Etat, Laurent Gbagbo, et le premier ministre, Charles Konan Banny.
La réalité est différente. Le texte de 5 feuillets que Le Monde a pu consulter constitue un tournant. Certes, les chefs d'Etat d'Afrique de l'Ouest recommandent que "le président Gbagbo demeure chef de l'Etat" pour "une nouvelle période de transition n'excédant pas douze mois", mais ils préconisent de le dépouiller de tous ses pouvoirs au profit de M. Konan Banny.
Ce dernier, poursuit le document, "disposera de tous les pouvoirs nécessaires", qu'il s'agisse d'établir des listes électorales fiables ou de désarmer les diverses milices. Pour neutraliser le chef de l'Etat, lui et ses ministres auront la possibilité de gouverner "par ordonnances ou décrets-lois".
Une autre recommandation essentielle porte sur les forces armées et la police, jusqu'à présent contrôlées exclusivement par la présidence. Le texte réclame un changement. Il demande au premier ministre de lancer une réforme du "secteur de la sécurité" pour "renforcer le caractère républicain et neutre de ces forces".
Enfin, le document soumis à l'UA préconise "le renforcement du mandat des forces impartiales (les troupes de l'ONU et les militaires français de "Licorne")", à charge pour elles d'assurer le "maintien de l'ordre" et la "protection des personnalités du gouvernement".
En prévision de la période incertaine qui s'ouvre, la mission de l'ONU en Côte d'Ivoire a lancé un appel "au calme et à la retenue" en mettant en garde contre les "provocations inutiles".