CENTRAFRIQUE - MAROC : LE DESESPOIR DES ETUDIANTS ET STAGIAIRES CENTRAFRICAINS AU MAROC

Publié le par JEUNE AFRIQUE L'INTELLIGENT

Situation précaire pour les étudiants centrafricains au Maroc
MAROC - 12 octobre 2006 - par AFP

Cyrille Berkoulla, 26 ans, licencié en économie, est installé depuis deux semaines avec quatorze autres étudiants centrafricains dans un appartement de trois pièces à Rabat en attendant des bourses qui tardent à venir de Bangui.

Les locataires de ce logement, situé dans le quartier populaire Kheir, vivent dans une grande promiscuité au milieu des couvertures et des valises qui jonchent le sol. Certains sont des "vétérans" en attente de leur billet pour "retourner au pays" alors que d'autres viennent d'arriver au Maroc pour entreprendre leurs études.

"Ce qui est hallucinant c'est que les Marocains nous paient chaque mois rubis sur l'ongle la moitié de notre bourse mais c'est notre pays qui fait la sourde oreille", explique Hyppolite Hybaile, 22 ans, qui suit les cours pour un diplôme universitaire de technologie (DUT) en maintenance industrielle à Fès, dans le centre du royaume.

Conformément à un accord de coopération bilatérale datant de la fin des années 80, les étudiants de République de Centrafrique perçoivent mensuellement 750 dirhams (69,5 euros) de l'Etat marocain et une somme équivalente de leur pays. Selon l'Union des Elèves, Etudiants, et stagiaires centrafricains au Maroc (UESCAM), il y a actuellement 138 boursiers centrafricains au Maroc.

Mais depuis 2003, le versement des bourses est erratique et l'arrièré se monte à plus de 70 millions de francs CFA (107.000 Euros). Excédés par les promesses non tenues, les étudiants ont occupé l'ambassade du 16 août jusqu'à leur expulsion manu militari par les policiers marocains le 23 septembre, à la demande de l'ambassadeur.

"Notre pays traverse une situation économique très difficile et le gouvernement remet de l'ordre dans les finances publiques", explique à l'AFP l'ambassadeur centrafricain à Rabat Ismaïla Nimaga.

Il reconnaît qu'il y a du retard mais insiste sur le fait qu'il est revenu, le 19 septembre de Bangui, avec en poche 13 millions de francs CFA (20.000 euros) pour payer un trimestre aux étudiants. "Il s'agit d'une première tranche et nous allons verser bientôt 39 millions de francs CFA", ajoute-t-il sans pouvoir donner de date.

Mais selon le comité des étudiants, le montant était nettement insuffisant et moins d'un tiers des étudiants ont perçu leur bourse.

Il en va de même pour le rapatriement des étudiants en fin de mission. En effet, 41 ont terminé leurs études mais ne peuvent pas rentrer faute de billet. "Nous allons nous retrouver sans papiers car la carte de séjour est délivrée durant nos études", explique Stanislas Massegue, 27 ans, qui a achevé une formation d'ingénieur à l'Ecole nationale des eaux et forêts de Salé.

"De difficile, notre situation risque d'être intenable, sans bourse et sans espoir de retour. Nous risquons de devenir des clandestins, faute de pouvoir rentrer chez nous où nous pourrions mettre nos connaissances au service du développement économique de notre pays", ajoute-t-il.

L'ambassadeur reconnaît n'avoir aucune idée de la date d'acheminement des billets.

M. Nimaga assure avoir fait appel aux forces de l'ordre quand selon lui, les étudiants ont menacé les diplomates, ce que réfutent les occupants. "J'ai été très tolérant tant qu'ils ne se livraient pas à des actes de violences, car ce sont tout de même nos enfants, mais ils ont été trop loin", dit-il.

L'évacuation a eu lieu la veille de la visite à Rabat du Premier ministre centrafricain Elie Doté, venu participer à la première commission mixte maroco-centraficaine depuis 17 ans.

Si l'ambassadeur prête aux étudiants des motivations politiques, le secrétaire général de l'UESCAM, Cyrille Berkoulla, rétorque: "C'est la faim qui nous a fait réagir. D'ailleurs sans ce mouvement, nous n'aurions jamais touché le peu d'argent qui a été distribué".

Publié dans EDUCATION

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