CENTRAFRIQUE - URANIUM DE BAKOUMA : LES DEPUTES CENTRAFRICAINS RETICENTS AU PROJET DE LOIS SUR LES MINERAIS RADIOACTIFS

Vote du projet de Loi sur les Minerais radioactifs : les débats ont été reportés au 29 août 2006

Jamais, un projet de loi n'a fait couler autant d'encre et de salive. Le projet de loi sur les minerais radioactifs a suscité beaucoup de passion. On sentait de prime à bord qu'il y'a fébrilité dans l'air. Le sujet est d'importance car il vise à mettre en exploitation les minerais radioactifs dont regorge la République Centrafricaine.

 Il s'agit en l'occurrence de l'Uranium de Bakouma et le gisement de lignite de Nzako.
Dès les premières heures de la matinée, l'hémicycle de l'Assemblée Nationale et à l'extérieur de la concession, l'avenue de l'Indépendance et les abords était jonché de monde. Pourquoi cette passion particulière pour ce projet de loi relatif aux minerais radioactifs ? Les agents des forces de l'ordre qui contrôlent l'entrée principale de l'Assemblée Nationale avaient l'air nerveux et très tendus au point de demander à certains élus du peuple, ce qu'ils venaient faire à l'Assemblée Nationale. C'est ce qu'a déploré la députée Mireille Kolingba de la circonscription de Ouango (Bangassou).

 L'élue du peuple s'est demandée si le gouvernement veut amener les députés à voter cette loi sous la pression. Elle a été appuyée par l'honorable Dondon Konamabaye, député de Paoua. Sur ce plan, la passion suscitée par ce projet de loi sur les minerais radioactifs a curieusement fait l'objet d'un battage médiatique extraordinaire. Le ministre Sylvain Ndoundigaï est monté au créneau pour préparer l'opinion publique. Dans les médias audiovisuels d'Etat, dans les médias privés (presse écrite), le chef du département des Mines était présent. Selon les informations qui nous sont parvenues, les députés, même ceux de la majorité présidentielle ont été très sceptiques quant au vote de ce projet de loi qui a suscité beaucoup d'inquiétudes.

 Pour les députés que nous avons approchés, cette loi, si elle venait à être votée, violerait les Accords de défense entre la République Centrafricaine, la République du Tchad, la République du Congo et la France au moment de la souveraineté internationale de ces pays. Ces Accords de Défense concernaient aussi les minerais radioactifs et n'ont jamais été revisés jusqu'à ce jour.

 Certains juristes et pas des moindres considèrent que ces Accords ont une valeur supranationale, donc, au dessus d'une loi nationale. Cette loi, si elle devait être votée ne serait pas en harmonie avec l'esprit des Accords de Défense précités. Le vendredi 25 août 2006, à peine que la Président de l'Assemblée Nationale, président de séance Célestin Leroy Gaombalet, a eu le temps d'ouvrir la séance, de faire observer une minute de silence en la mémoire de M. Katékondji Joseph, député de Bria I disparu quelques jours en France, que des mains se sont levées pour demander un préalable. Célestin Leroy Gaombalet accorde le préalable.

 M. Mamadou Gary, député de Mbaïki évoque que le document n'a pas été distribué aux députés dans les délais prescrits par le règlement intérieur de l'Assemblée Nationale. M. Mamadou Gary est suivi et appuyé par MM. Grémiango-Vondo, Karoua, Dédé Ngoto-Bolloum qui, tous ont demandé un report pour avoir le temps de mieux décortiquer le document, compte tenu de l'importance de la question. La cause est entendue et M. Gaombalet passe au vote à mains levées et, c'est à l'unanimité que les députés ont décidé du report des débats sur cette loi.

 Le mardi 29 août a été retenu par les députés et les obsèques du député Katékondji qui devaient avoir lieu ce jour ont été reportées à mercredi 30 août 2006 à 12 heures.
Le projet de loi sur les minerais radioactifs n'a pas fini de nous étonner et les débats autour de la question promettent des rebondissements et des passions. Le mardi sera le jour de vérité. Certainement, que le gouvernement mettra à profit ce report pour un marketing politique fort en faveur de cette loi.

Lundi 28 Août 2006

John Smith

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