ANGOLA - EPIDEMIE DE CHOLERA : UNE CRISE SANITAIRE QUI A DEJA CAUSE 1514 DECES

Publié le par LE MONDE

Plus de 1 500 personnes sont mortes du choléra en Angola
LE MONDE | 31.05.06 | 14h04  •  Mis à jour le 31.05.06 | 14h04


ne épidémie de choléra "d'une ampleur jamais vue depuis des années", selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), sévit en Angola depuis la mi-février. En trois mois et demi, plus de 40 500 cas et 1 514 décès ont été répertoriés, soit un taux de létalité de 4 % quatre fois supérieur au taux considéré comme normal. Cette brutalité ainsi que la rapide propagation de l'affection dans 13 des 18 provinces angolaises reflètent l'état de délabrement de ce vaste pays qui est pourtant le deuxième producteur de pétrole d'Afrique noire. Sorti en 2002 d'un quart de siècle de guerre civile, l'Angola est aujourd'hui considéré comme un eldorado par les investisseurs.

"L'absence d'accès rapide à des centres de santé et des difficultés de diagnostic" expliquent cette crise sanitaire, témoigne Claire-Lise Chaignat, responsable de la lutte anticholérique à l'OMS. La maladie se propage là où l'accès à l'eau salubre n'est pas garanti : elle touche "les plus démunis des plus démunis", insiste le docteur Chaignat, qui précise que la capitale, Luanda, conçue pour 60 000 habitants, en abrite aujourd'hui 4 millions.

MANQUE DE VOLONTÉ POLITIQUE

Luanda, qui était épargnée depuis dix ans par les épidémies de choléra, est aujourd'hui la zone la plus touchée avec plus de la moitié des cas, rappelle Richard Veerman, responsable de Médecins sans frontières (MSF) en Angola.

Les facteurs socio-économiques ne semblent pas seuls en cause. MSF dénonce aussi "la lenteur" de réaction du gouvernement angolais. "Une stratégie plus volontaire et de grande ampleur doit être mise en place rapidement", souligne l'organisation, qui met en garde les autorités. Car "faute de volonté politique l'épidémie pourrait encore durer des mois et le bilan risque d'être extrêmement lourd".

Infection intestinale très contagieuse, le choléra se manifeste par de violentes diarrhées et des vomissements nécessitant une réhydratation rapide avec apports de sels. Un vaccin existe, mais son coût et celui de la lourde logistique qu'il suppose empêchent sa diffusion.

Philippe Bernard
Article paru dans l'édition du 01.06.06

Publié dans L'AFRIQUE

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