TCHAD - REBELLION : CONFUSION SUR LE RÔLE EXACT DE L'ARMEE FRANçAISE

Publié le par LE MONDE

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Situation confuse à N'Djamena, en proie à des combats entre rebelles et armée / Les rebelles accusent l'armée française d'avoir bombardé leurs positions
(Le Monde 13/04/2006)
( 13/04/2006)


D'intenses combats à l'arme lourde ont éclaté, jeudi 13 avril, à l'aube aux portes de la capitale tchadienne, N'Djamena, entre les troupes fidèles au président Idriss Déby et les rebelles du Front uni pour le changement (FUC) qui ont juré la fin de son régime.

Selon une source militaire tchadienne, ces affrontements ont débuté vers 5 h 30 (4 h 30 à Paris) à l'initiative de l'armée tchadienne, qui a attaqué les rebelles dans la banlieue de N'Djamena, qu'ils avaient atteinte dès mercredi soir au terme d'une spectaculaire progression depuis la frontière soudanaise à l'est du pays. Après une nuit calme, les habitants de la capitale ont été réveillés avant le lever du soleil par les détonations des échanges d'artillerie, qui se poursuivaient à un rythme soutenu vers 7 h 30 locales (6 h 30 à Paris) autour de la moitié est de la ville.

Quelques rebelles ont réussi à s'infilter à l'intérieur de N'Djamena, a-t-on appris de source militaire tchadienne. Leur présence, en nombre peu important, a été signalée dans le nord-est de la ville près de l'Assemblée nationale, a précisé un responsable militaire s'exprimant sous couvert de l'anonymat. Les rues du centre de la capitale, survolée depuis le début de la matinée par des hélicoptères ainsi que des chasseurs français Mirage F1, restaient toutefois calmes jeudi matin, a-t-on constaté.

"SITUATION SOUS CONTRÔLE" ?

Le président tchadien a affirmé, jeudi matin sur Radio France internationale, que les colonnes de rebelles du FUC qui ont attaqué plus tôt N'Djamena avaient été détruites et que la situation était "sous contrôle". Toutefois, selon les rebelles, cités par l'agence d'informations Alwihda, la situation est critique pour le président tchadien qui "aurait pris la poudre d'escampette, mercredi vers 17 heures, vers une destination inconnue" . Selon d'autres sources, il pourrait se trouver dans un camp retranché près de N'Djamena.

En même temps que s'engageait la bataille pour N'Djamena, d'autres combats se sont déroulés jeudi aux premières heures du jour à 800 km à l'est de la capitale dans la ville d'Adré, à la frontière avec le Soudan, selon des sources humanitaires. Le régime de Déby accuse le Soudan de soutenir et d'armer les rebelles. Les combattants du Rassemblement pour la démocratie et la liberté (RDL), qui constituent l'essentiel des troupes du FUC, avaient déjà attaqué Adré le 18 décembre mais avaient été repoussés par l'armée tchadienne. Aucune information sur l'évolution de ces deux fronts n'était disponible jeudi matin.

Selon une source militaire tchadienne, l'avant-garde du FUC a atteint les portes de N'Djamena mercredi en fin d'après-midi, alors que le ministre de la défense, Bichara Issa Djadallah, assurait que l'offensive rebelle lancée dimanche en plusieurs points de l'est et du centre était stoppée.

LA FRANCE INTERVIENT-ELLE ?

Signalés mardi dans la région de Mongo, à moins de 400 km à l'est de la capitale tchadienne à mi-chemin de la frontière soudanaise, une de leurs colonnes avait été repérée mercredi à 17 heures par les Mirage F1 français à environ une heure et demie de route de N'Djamena, selon une source militaire à Paris.
 Des sources militaires tchadiennes avaient confirmé, dans la soirée, que des combats avaient eu lieu quelques heures plus tôt autour de la localité de Dourbali, à une centaine de kilomètres au sud-est de N'Djamena.


La France a condamné mercredi par avance toute "tentative de prise de pouvoir par la force" et s'est déclarée "préoccupée" par les événements au Tchad. Le dispositif militaire français au Tchad, qui regroupe 1 200 hommes, a été placé en état d'alerte et 150 soldats français basés à Libreville sont arrivés mercredi en renfort dans la capitale tchadienne.
 Une source militaire française à Paris a indiqué que le rôle de ces forces se limitait à un "soutien de renseignement" au gouvernement tchadien.


Ce n'est pas ce qu'affirment jeudi les rebelles. "Nous venons d'apprendre que depuis ce matin, dans l'est du Tchad, l'armée française intervient militairement avec des avions. Et nous déplorons dans les villes d'Adré et de Moudeïna (près de la frontière avec le Soudan) de nombreuses victimes civiles des bombardements français", a affirmé le représentant en France du FUC, Laona Gong, en ajoutant "n'avoir pas de chiffres exacts" sur les victimes. M. Gong a déploré que la France "n'observe pas la neutralité" et soutienne "aveuglément" le régime du président Idriss Déby. Le ministère de la défense français a formellement démenti jeudi tout bombardement.
 Le ministère a par contre indiqué jeudi qu'un avion Mirage français avait tiré "un coup de semonce mercredi matin à l'est de N'Djamena dans la zone où une colonne de rebelles tchadiens faisait route vers la capitale".

Avec AFP

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