CENTRAFRIQUE - INSECURITE : LES DEPUTES DE L'OUHAM PENDE DENONCENT UNE EPURATION ETHNIQUE

Publié le par LE CONFIDENT

La vérité sur les basses besognes du Lieutenant Ngaïkoisset à Paoua

Les récents évènements provoqués dans la préfecture de l'Ouham Péndé plus particulièrement dans la ville de Paoua par des bandes armées non identifiées préoccupent les élus de la Nation de cette partie de la république Centrafricaine. En effet, le 29 janvier 2006, il y a eu des violents combats opposant les Forces de défense et de sécurité aux prétendus rebelles. Ces attaques se sont soldées par de nombreuses victimes de part et d'autre. Les trois députés de la circonscription de Paoua sont montés au créneau pour dénoncer le mutisme des autorités du pays qui semblent donner une caution morale aux exactions commises sur les populations civiles par les forces régulières. En effet, de sources concordantes les principales victimes de ces attaques étaient des jeunes écoliers, des commerçants, des femmes, des pasteurs et des vieillards. Nous publions ci-dessous le texte intégral de la déclaration des trois députés de Paoua qui interpellent le pouvoir de Bozize et la communauté internationale.


Déclaration des députés des trois circonscriptions de Paoua

L'incident qui a mis aux prises le dimanche 29 janvier 2006, les éléments armés non identifiés et les éléments des FACA, basés à Paoua a servi de prétexte à l'escadron de la mort dirigé par le Lieutenant NGAÎKOISSET d'étendre l'exécution de sa basse besogne de Bossangao à Paoua, au terme de laquelle il a été élevé au grade de capitaine en récompense de la mission bien accomplie.

Il y'a bientôt trois mois que le lieutenant NGAÏKOISSET, sur les instructions personnelles du Général François Bozizé Yangouvonda, Président de la République, Chef de l'Etat et Ministre de la Défense Nationale, a érigé à Bossangao, une barrière d'épuration ethnique que ne peuvent franchir Kaba, Souma (Karé, Taley, Pana, Gongué, Laka) tous de l'Ouham-Pendé.
Beaucoup qui s'y sont aventurés y ont laissé leur vie, après avoir été délestés de leur maigre fortune et enterrés nuitamment dans les fausses communes.

Par une correspondance de notre part en son temps, nous avons informé le ministre de la défense nationale qui n'est autre que le Général François Bozizé lui-même et copie de cette correspondance a été adressée aux organes d'Etat et autres Associations ayant pour vocation la défense des droits de l'homme. Elle est demeurée sans suite à ce jour.

Depuis une dizaine de jours, toutes les informations concordent sur des tueries qui sont perpétrées à grande échelle dans la ville de Paoua et ses communes, sous le prétexte de lutter contre les responsables de l'insécurité dans le Nord. Elèves, Professeurs, commerçants, Pasteurs, paysans, jeunes pour la plus part… personne n'est épargnée et de sources dignes de foi, le nombre des victimes dépasse la centaine. En outre, depuis décembre 2005, les fonctionnaires ressortissants de l'Ouham-Pendé exerçant à Bossangoa se sont tous repliés à Bangui, pour éviter d'être enlevés et exécutés nuitamment.

Que veut le Général François Bozizé Yangouvonda, Président de la République, Chef de l'Etat et son escadron de la mort aux paisibles et laborieuses populations de l'Ouham-Pendé en général et celle de la Sous-Préfecture de Paoua en particulier ?

Il convient de rappeler que déjà en mars 1982, alors qu'il était pris en chasse par les éléments de la sécurité du Président Kolingba après son Coup d'Etat radiophonique, c'est dans le plafond de la résidence d'un ressortissant de l'Ouham-Pendé, en l'occurrence le général MBAÏKOUA, que le Général François Bozizé Yangouvonda va trouver refuge, entraînant ce dernier malgré lui dans sa folle mésaventure où il laissera la vie.

Il s'en suivra une chasse aux sorcières et véritable politique de terre brûlée dont seul les villages des communes de Paoua et leurs populations ont payé le plus lourd tribut par le viol, la destruction de leurs récoltes, la bastonnade, les arrestations arbitraires et les exécutions sommaires pour beaucoup d'entre elles et le tout couronné par l'incendie de pans de villages entiers.
Comme si tout cela ne suffisait pas, et après que sa rébellion ait particulièrement mis à sac la Préfecture de l'Ouham-Pendé, c'est une fois encore les ethnies de cette préfecture que le général François Bozizé Yangouvonda a choisi de se retourner depuis le 15 mars 2003 après les avoir longtemps utilisés.

Devant l'ampleur des tueries, la communauté nationale et internationale semble ne pas se soucier du sort de cette paisible population, quand bien même l'antenne de la section des Droits de l'Homme du Bureau des Nations Unies pour la Centrafrique (BONUCA) est implantée à Bossangoa. Doit-on attendre que toute la population de l'Ouham-Péndé soit décimée pour que cet organisme chargé entre autres de la défense des Droits de l'Homme s'en émeuve, alors que sous d'autres cieux, des incidents mineurs sont immédiatement signalés, dénoncés et condamnés ?

Il ne fait aucun doute que le drame qui se joue dans la Préfecture de l'Ouham-Péndé est la concrétisation du plan de génocide, tel que promis à l'ancien Président de l'Assemblée Nationale par l'ancien Député de Bossangoa II et Président du Parti Démocratique Centrafricain (PDCA), Jean-Serge Wafio, allié du général François Bozize yangouvonda.
Face à cette situation, nous députés des trois circonscriptions de Paoua, prenons l'opinion nationale et internationale à témoin et les exhortons à tout mettre en œuvre pour arrêter cette politique de terre brûlée barbare, doublée de haine et de méchanceté gratuite indigne d'un chef d'Etat dont la fonction première est de garantir la paix et de préserver l'unité nationale.

Fait à Bangui, le 10 février 2006

les honorables
Joseph Boykota Zouketia (Paoua 1)
Christophe Ndouba (Paoua 2)
Luc Appolinaire Dondon-Konamabaye (Paoua 3)

Dimanche 12 Février 2006
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Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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