Centrafrique - Dialogue Politique : BOZIZE A SOULEVE L'IRE DE L'OPPOSITION

Publié le par Le Confident

4092308444.jpg A l'occasion de sa visite en France le Président Centrafricain a conféré en tête- à – tête avec son homologue français. Des questions touchant à la coopération entre les deux pays ont été abordées, comme le déploiement prochain de l'EUFOR aux frontières du Tchad et de la République centrafricaine, afin de contrer l'impact désastreux du conflit du Darfour.
 
 
Mais Nicolas Sarkozy, qui sait où se trouvent les intérêts de la France, a insisté sur la question de la protection des populations civiles et le respect des Droits de l'Homme. L'absence de Dialogue Politique a été également abordée et le Chef de l'Etat centrafricain a certainement insisté sur la nécessité du dialogue politique tel que souhaité par toutes les Forces Vives de la Nation et la Communauté Internationale. Une fois encore, le Président centrafricain s'est engagé à convoquer ce Dialogue Politique Inclusif. Mais comme on pouvait s'y attendre, le Général Bozizé persiste et signe.
« Il n'y a pas de raison que le dialogue politique ne se tienne pas à Bangui » De fait pour le Général Bozizé, le Dialogue Politique se tiendra à Bangui ou rien ! Intransigeance politique ou simple position personnelle ?
A dire vrai, le Chef de l'Etat n'a pas varié d'un « iota » sur la question du lieu du Dialogue Politique. Pour lui en effet, ce dialogue sera convoqué en République Centrafricaine. Peu importe qu'il se tienne dans la Capitale Bangui ou dans une autre localité du pays (MBaïki, Sibut, Bambari, Bangassou, Bouar ou Berberati). Pour François Bozizé l'argument est aussi spécieux qu'économique. D'abord, on ne saurait priver l'écrasante majorité du peuple centrafricain d'un débat politique qui le concerne en premier lieu. Délocaliser le dialogue politique c'est interdire le peuple centrafricain de sa propre participation directe ou indirecte au dialogue politique. Ensuite, François Bozizé et ses partisans ont toujours estimé à tort ou à raison qu'un dialogue politique à l'extérieur serait très coûteux aux contribuables centrafricains comme à la Communauté Internationale.
Or selon toute vraisemblance, la Communauté Internationale serait prête pour le financement de ce dialogue politique pourvu qu'une étude minutieuse de faisabilité soit faite. C'est le travail dévolu du reste au Comité Préparatoire qui verra le jour bientôt après moult atermoiements dus souvent à la surenchère politicienne. L'ONU à travers le BONUCA, le Centre du Dialogue Humanitaire (C.D.H), le PNUD et des Partenaires bilatéraux de la République Centrafricaine sont fins prêts. Il reste que les acteurs politiques traînent les pieds, chacun voulant tirer la couverture à soi…
Il va de soi que l'opposition politique comme l'opposition armée soutienne un autre son de cloche. Pour cette opposition et pour que toutes les parties prenantes aux crises à répétition prennent part effectivement à ce dialogue, seule la « délocalisation «  du dialogue politique offrirait le maximum de garantie de confiance et de sécurité pour certaines personnalités qui, comme les Chefs rebelles, Ange Félix Patassé et Jean-Jacques Demafouth craignent pour leur sécurité physique.
Question sécuritaire, mais bien plus, une question morale : celle de la confiance entre les dirigeants politiques et l'ensemble des citoyens centrafricains ! Ici, il faut le reconnaître, un ressort est brisé depuis belle lurette. Les Centrafricains se méfient des Centrafricains comme on se méfierait de véritables serpents venimeux. Or le retour de la confiance à ce niveau est la condition sine qua non de ce dialogue qui doit être celui de la vérité, de la tolérance et de la dernière chance, comme on dit…
Au sujet du lieu du Dialogue Politique, chaque camp paraît camper sur ses positions ! Mais personne ne saura décider de quoi que ce soit avant le dépôt du rapport des Travaux du Comité Préparatoire dont la création et la composition sont imminentes. Il appartiendra à ce Comité où figurent les représentants de toutes les entités (Pouvoirs Publics, majorité Présidentielle, Opposition démocratique, opposition armée, Société Civile…) de discuter en toute sérénité de toutes les questions devant faciliter la tenue du Dialogue Politique, à Bangui ou à l'extérieur dans l'intérêt supérieur de la Nation, et dans l'intérêt bien compris de toutes les parties au dialogue.
Il y a peut-être lieu que François Bozizé décroche de cette question ‘'ultrasensible'' et laisse la latitude au Comité Préparatoire de décider en dernier lieu et de manière consensuelle. On finit toujours avec un minimum de lucidité, de confiance en soi et aux autres, de réalisme, de s'entendre sur l'essentiel. Et l'essentiel, c'est le retour de la confiance entre Centrafricains, la restauration de la paix, de l'Unité et de la réconciliation nationale. Oublier que la situation de la RCA est exceptionnelle et qu'elle a besoin de solutions exceptionnelles acceptées par tous est une dangereuse illusion. Tout débat « a priori » sur le lieu du dialogue, est un débat oiseux sur le sexe des anges !
 
Dimanche 25 Novembre 2007
 
Oscar Banalé
 
 

Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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