Cameroun : Le Premier Ministre admet l'éventualité d'un coup d'Etat avorté à Yaoundé

Publié le par camer.be

Depuis quelques jours des journaux font écho de rumeurs sur un coup d'Etat dont les informations circulent parmi les différents services "secrets" de la république du Cameroun. Une psychose s'est installée dans toutes les grandes villes du pays. Le Chef du gouvernement camerounais est lui-même sorti de son ornière en  levant un pan de voile sur une atmosphère fiévreuse qui règne au sommet de l’Etat.

Certaines langues nous affirment que dans les milieux de l'armée et de la sécurité en général, l'heure est à une singulière frilosité depuis que le ministère délégué à la présidence chargé de la défense nationale entretient une enquête sur un projet présumé de putsch militaire ayant déjà entraîné des arrestations de plus de dix officiers supérieurs et  relâchés dès le lendemain selon la même source jusqu'à ce jour.

 

Internet pas très net pendant au moins sept jours.

 

Autre indice à ne pas négliger, la coupure d'internet et la liaison difficile par satellite avec le Cameroun toute la semaine dernière. L'on a assisté pendant plusieurs jours à une coupure spontanée d'Internet dans toute la république du Cameroun pendant que dans certains bureaux sensibles de Yaoundé, Douala et Koutaba, le débit de connexion était irréprochable. L'on a aussi constaté dans certains ministères à Yaoundé « qu'il n'y avait pas de connexion pendant qu’au ministère de la Défense et à la DGSN le débit de connexion était irréprochable », écrit un confrère de la ville de Yaoundé.

 

Une radio émettant en fréquence de modulation à Yaoundé a évoqué le weekend end passé lors de l'intervention d'un auditeur qui a requis l'anonymat qu'en réalité, l'enquête a commencé au niveau des services de sécurité de l’Etat à Yaoundé après qu'un officier de la garde présidentielle ayant eu des échanges avec l'étranger sur son ordinateur de service n'a pas pris la peine d’effacer l'historique des sites visités. Ce qui a permis à ses collègues d'avoir accès à ses données et ses pages visitées. D'après une source proche des officiers supérieurs toujours soumis aux enquêtes, " La panne d'Internet n'est pas un cas isolé car les ingénieurs ont affirmé jeudi qu'aucun câble sous marin n'était sectionné".

 

Que dire des scènes de fouilles intempestives dans nos grandes cités

 

L'on a aussi assisté ces jours à des regroupements de toute l'élite de nos forces de l'ordre à Yaoundé sans oublier le contrôle accru des forces mixtes à l'entrée de Yaoundé et dans les aéroports.

 

Vendredi dernier à Douala, on  assistait encore à des scènes de fouilles discrètes de fond en comble par les patrouilles de police et de gendarmerie. Tous les véhicules étaient examinés attentivement jusqu'au petit matin. Au port autonome de Douala, des containers entrant et sortant étaient également soumis à  plus de deux postes de scanners. Il en est de même des semi-remorques en provenance de Bangui en République Centrafricaine nous affirme un conducteur de camion en provenance de Bangui et qui a requis l’anonymat.

 

Des noms évoqués ici et là

 

Dans les chaumières du Cameroun, selon le bimensuel satirique français Fric à Fric dans sa parution de jeudi dernier, des noms sont évoqués comme étant à l'origine de cette psychose à l'instar de celui du colonel Mahamat Boukar Satoume, des colonels Samuel Koué, Martin Zanga, des colonels anciens putschistes tels Ousmanou Daouda, Ngoura Beladji et du chef d'escadron Mohamadou Abdoulaye Massel. Pour la Nouvelle expression au Cameroun, Il y a même des noms de françafricains (Robert Dulas, Olivier Bazin, Angélique Grasso, Jean-Louis Thirion) qui sont évoqués …
 
Une autre piste, pour le bimensuel l’œil du SAHEL, paraissant dans la partie septentrionale du Cameroun,  la méfiance s’est instaurée entre les familles des putschistes de 1984 et le pouvoir en place au Cameroun.  Malgré la loi n°91/002 du 23 avril 1991 qui amnistie toutes les personnes ayant été condamnées pour des raisons politiques, la réconciliation n’a jamais véritablement eu lieu.

 

La réaction du Premier ministre à BBC

 

Le Premier ministre Camerounais Ephraïm Inoni   a enfin donné la position du gouvernement : des enquêtes sont encore en train d’être menées par les différents services de renseignements de la République. C’est la première fois qu’une personnalité camerounaise évoque publiquement cette nébuleuse de coup d’Etat visant à renverser les institutions de la République, en commençant par Paul Biya. Une situation qui, bien évidemment, a agité tous les services de renseignements des forces de défense nationale du Cameroun, depuis la fin de septembre 2007.

 

Selon le Premier ministre camerounais au micro de la BBC la semaine dernière " la position du gouvernement, c'est que nous avons des services spécialisés dans ce genre d'affaires. Il y a les services militaires, les services de renseignement, la gendarmerie et même la justice. J'attends, n'est-ce pas, que ces services mènent des enquêtes sur ce sujet et me présentent un rapport. Mais, pour l'instant, je n'ai pas de rapport définitif. On en a parlé. J'ai posé la question à ces services qui se sont lancés dans les enquêtes. Et j'attends donc les résultats définitifs ". Et le journaliste de répliquer : " Ce sont des rumeurs qu'il faut donc prendre au sérieux ? ". Le Premier ministre répond sereinement : " Dans le domaine du renseignement, on ne néglige rien ".

© Camer.be : Evelyn Nana

Publié dans L'AFRIQUE

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