GUINEE CONAKRY - MENACES DE GREVE : LES JOURS SONT "CONTE"
Menace de grève sur la Guinée : L’Inter-Centrale lance un ultimatum à Lansana Conté |
Les responsables syndicaux, réunis hier lundi à la Bourse du Travail en vue de faire le point sur l’évolution de la situation et l’application des accords, sous la pression populaire, vont aller en grève à compter du lundi 12 Février, si jamais, le n° 1 guinéen ne nommait pas Premier Ministre plénipotentiaire. En effet, c’est le Samedi 27 Janvier que les accords tripartites ont été signés, conduisant à la suspension d’une grève générale et illimitée qui aura duré près de trois semaines. Dix jours après cette signature, la nomination du Premier Ministre, qui constitue le point fort de la plate-forme revendicative de l’Inter-Centrale n’a toujours pas trouvé satisfaction, malgré la publication du double décret présidentiel relatif aux attributions et à la lettre de mission du Chef de Gouvernement, tout indique que Lansana Conté joue au chrono. A la stratégie politique de l’usure du temps, qui consiste au fur et à mesure que les jours, les semaines, les mois passent, à faire baisser la pression, démobiliser les foules, enfin à conduire à l’échec du mouvement social.
Cette tactique marcherait, si la grogne sociale se bornait à une simple revendication corporatiste. En Guinée, il s’agit d’un mouvement populaire qui dépasse les contestations catégorielles, entraînant l’ensemble des forces vives du pays dans le processus d’action dynamique pour le changement. Ce qui donne une toute autre nature et une légitimité à un mouvement général de la société qui intègre les différentes couches du pays.
Elle fonctionnerait aussi, si la misère, la pauvreté qui touchent durement aujourd’hui les populations, ne s’étaient pas généralisées, conduisant à deux classes diamétralement opposées : · Les riches, · Les pauvres.
Supprimant ainsi la classe intermédiaire qu’occupaient les fonctionnaires.
Au lieu de combler les attentes des pauvres populations en procédant à la nomination du Premier Ministre, le Président Conté préfère signer d’autres décrets, une attitude manifestement belliqueuse qu’on pourrait assimiler au défi, au mépris, à l’absence notoire de volonté politique voire au refus d’exécuter le protocole d’accords tripartites.
Or, dans le contexte actuel de crise sans précédent que connaît le pays, il est plus que nécessaire, indispensable, pour résoudre les nombreux problèmes de survie auxquels se trouvent confrontés les Guinéens, que le Chef de Gouvernement soit nommé, en vue de mettre très rapidement en application la feuille de route pour le plus grand soulagement des populations de plus en plus misérables.
En tout cas, Dr Ibrahima Fofana a averti : "Aujourd’hui, on a décidé d’adresser une déclaration officielle à l’autorité, pour leur dire que, si d’ici dimanche, le protocole n’est pas mis en application, nous allons lancer un appel à la mobilisation de tout le peuple de Guinée, pour faire observer la grève qu’on a suspendue".
"Cela signifie que, si les choses sont en train de traîner comme, nous allons reprendre notre action. Et c’est ce que tout le peuple attend aujourd’hui. Tous les travailleurs de Guinée. C’est ce que tous les travailleurs réclament à l’heure où, nous sommes", conclut le leader syndical guinéen.
La Secrétaire Générale de la CNTG, Porte Parole de l’Inter-Centrale est elle aussi catégorique : "Les cadres compétents et intègres ne manquent pas en Guinée. Mais, le Président refuge de nommer un Premier Ministre. Pour cela, nous lui donnons cette semaine seulement. Si le PM n’est pas nommé, on se verra dans l’obligation de reprendre la grève qui, je vous rappelle, n’est que suspendue".
Déjà, le Samedi 3 Février, dans un communiqué de presse, le CNOSG, l’institution dirigeante "lance un appel à toutes les bonnes volontés notamment les autorités religieuses à s’impliquer activement auprès du Chef de l’Etat afin que les accords signés soient intégralement appliqués dans les plus brefs délais et dans l’intérêt supérieur de la Nation. La société civile invite toutes les forces vives à se mobiliser pour exiger pacifiquement l’application des engagements pris". "Pour préserver le climat de confiance et éviter à notre peuple et particulièrement à sa jeunesse de nouvelles épreuves de forces ; il importe que le Chef de l’Etat donne la priorité absolue à l’application effective des accords conclus", remarque la dynamique organisation de la société civile guinéenne.
En dépit de toutes ces pressions, Lansana Conté cédera t-il ? A t-il vraiment le choix ? Le Président guinéen est-il prêt à renoncer à ses prérogatives ? Qu’attend-il vraiment pour nommer un Chef de Gouvernement ?
Pour un fin connaisseur du régime et de Lansana Conté, le Président guinéen pliera sous la pression syndicale. Du moins populaire. Il ne cède que sous la contrainte. Vrai ou faux ? Attendons de voir la fin de la semaine.
Nous y reviendrons
Paul Moussa DIAWRA Directeur de la rédaction et de la publication de aminata.com |