CENTRAFRIQUE SITUATION ECONOMIQUE ET SOCIALE : UN PEUPLE EN SURVIE !
EN CENTRAFRIQUE, LA VIE EST UN COMBAT PERMANENT
Il fut un temps, où le Centrafricain quelque soit son rang social, transpirait la joie de vivre. Car au début de l'Indépendance proclamée le 13 août 1960, on pouvait survivre dans ce pays avec un revenu moyen ou même de misère. La vie ne coûtait pas aussi chère comme c'est le cas aujourd'hui avec cette dangereuse flambée des prix des denrées de première nécessité. Le pouvoir d'achat du Centrafricain moyen a dégringolé depuis quelques décennies et le panier de la ménagère s'en ressent gravement.
La pauvreté sociale court les rues de Centrafrique et frappe presque à toutes les portes malgré l'existence d'une petite bourgeoisie nationale qui aura bâti sa fortune sur le dos de l'Etat grâce à la corruption, à l'affairisme et aux détournements impunis des deniers.
Le procès de Patassé et de ses complices auteurs de crimes économiques, de faux et usage de faux est le procès de cette génération de bourgeoisie artificielle et de « nouveaux riches » qui vivent aux crochets de l'Etat marqué et matraqué par la mal gouvernance et la prédation érigée en méthodes de gouvernement.La pauvreté endémique, c'est près de 70% de la population Centrafricaine qui vit en dessous du seuil de pauvreté avec désormais moins d'un (1) dollar –US par jour. La pauvreté c'est aussi le taux d'indice du développement humain (I.D.H) qui est l'un des plus faibles au monde avec la dégradation de la condition féminine, du système éducatif marquée par la persistance de l'analphabétisme qui s'apparente désormais à l'illettrisme à rebours qui atteint désormais même la couche lettrée de la société centrafricaine.
On ajouterait la malnutrition, le déficit en calories et en protéines difficilement compenser par l'aide de la FAO et du PAM dont les produits sont systématiquement détournés au profit des autorités politiques et administratives. Le cas de Boda peut être cité ici en exemple d'irresponsabilité.
On voit ainsi à quel point la mauvaise gestion et la prédation sont des sources irréfutables du malaise social ou du « mal de vivre» de la majorité des centrafricains. Mais contrairement à ce que l'on pense, la détresse et la déprime qui se lisent sur le visage des centrafricains ne sont pas un signe de défaitisme ou de fuite des responsabilités.
Certes, les centrafricains sont parfois désappointés et désorientés et ne savent pas à quels saints se vouer. Ils croient rarement à la sincérité de leurs dirigeants politiques. Mais pour autant, ils ne se sont pas prêts à se jeter dans les bras du premier « marchand d'illusions » ou du « premier marchand de tapis »...
Ils savent dans ces conditions que leur sort est entre leurs mains et que surtout « la vie est un combat permanent ». Un combat contre le défaitisme et le pessimisme. Un combat contre la pauvreté et la misère. Un combat contre la mort qui n'épargne personne et qui rôde partout. Ils savent aussi que la vie ne vaut la peine d'être vécue que lorsqu'on s'arme de courage, d'esprit de sacrifice et d'abnégation. Seules ces valeurs peuvent faire reculer le côté absurde de la vie et le sentiment de « l'Eternel recommencement » digne du fameux « Mythe de Sisyphe » si bien décrit par Albert Camus.
Des régimes successifs ont réussi la promesse sinistre de transformer la République Centrafricaine en une véritable « vallée de larmes et de sang » à travers des politiques suicidaires marquées par la démission nationale, la politique de division nationale source de violations graves des Droits de l'Homme et de violence politique qui ont culminé dans les tortures physiques, les assassinats politiques et les exécutions extra-judiciaires maintes fois dénoncés par les organisations de défense des Droits de l'Homme et la communauté internationale.
La vie reste pourtant une valeur sacrée si l'on en croît la constitution de la République. Mais entre le principe et la réalité, c'est tout un fossé insondable largement dominé par le spectre funeste de la mort contre laquelle les centrafricains ont finalement à se battre becs et ongles malgré leur scepticisme à l'égard des gouvernants et malgré aussi un « Centrafricano pessimisme » ambiant lié aux politiques et aux échecs répétés des princes qui nous gouvernent. Et pourtant la République centrafricaine dispose de tous les atouts ( un climat favorable, un sol et un sous sol riches,
une flore et une faune exubérantes, un réseau hydraulique abondant, une langue nationale, une population jeune, une diversité culturelle qui auraient pu faire de ce pays effectivement « Beni des dieux » une terre ou un paradis où il fait bon vivre. Mais tout le paradoxe de ce pays est là. Une extrême richesse dans une extrême pauvreté ! La seule explication à ce paradoxe pourtant surmontable, c'est qu'en Centrafrique l'homme demeure encore un loup pour l'homme, pratiquant la loi de la jungle : « œil pour œil dent pour dent ». Un principe qui fait de la RCA, une vallée des larmes et de sang, un véritable mouvoir. Inacceptable !...
Mercredi 30 Août 2006
Paul Gové
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