CENTRAFRIQUE - INSECURITE : UN PAYS DESTABILISé , L'INQUIETUDE S'INSTALLE DANS LES ESPRITS
BOZIZE SE FAIT HARA-KIRI A TIRINGOULOU

L'on serait tenté de croire que Bozize fait toujours confiance en sa force de frappe qui, pour lui, était le principal facteur de son succès militaire lors des événements du 15 mars 2003. Refusant de fait de prendre en compte la lassitude d'une population et d'un pays meurtris par la succession des évènements douloureux dans le pays et la situation précaire qu'elle traverse depuis plus d'une décennie, Bozizé laisse plus d'un pantois.
La lecture des derniers événements et surtout de l'histoire récente du pays et celle de la sous région ne sert pas de leçon aux princes qui nous gouvernent. A un moment où presque tous les pays de la sous région, notamment le Tchad qui avait porté mains fortes à Bozizé en lui fournissant des hommes et des équipements militaires, le Soudan qui a doté le régime Bozizé en équipements militaires lourds et en véhicules ont leurs problèmes spécifiques, sur qui peut compter le général Bozizé pour régler militairement la situation qui prévaut dans le nord-est du pays et qui ne cesse de causer des pertes et échecs cuisants à nos forces de défense et de sécurité?
Loin d'imaginer la capacité et la force militaire des rebelles qui sévissent actuellement à Tiringoulou, c'est au ministère de la défense nationale, structure bien imprégnée de situer le peuple sur ce qui se passe dans la Vakaga, à Birao et à Ndélé. Dans un communiqué rendu public le 29 mai par le Ministère de la Défense Nationale, il est clairement établi que les rebelles ont utilisé des armes lourdes et des mortiers pour dérouter les éléments de la Garde Présidentielle appuyés par une section des éléments du BMIA. D'où proviennent l'artillerie militaire utilisée par les rebelles centrafricains? Pour un néophyte que peut cacher une telle déclaration ?
Sans aucun doute, une suprématie de ces rebelles qui règnent en maîtres dans la région de Birao et ses environs. La récente désertion de quelques éléments de nos forces armées qui ont dû regagner précipitamment Bangui suivie des tueries de certains éléments de nos forces dont un officier et surtout le fait que nos forces de défense ne parviennent pas encore à maîtriser la situation sur le terrain, sont autant de choses qui sont de nature à semer la psychose parmi la population centrafricaine en général et plus particulièrement celle de la région de Birao.
En ce début du troisième millénaire où on prône le dialogue, la médiation pour arranger les problèmes qui surviennent dans un pays, le général Bozize doit prêter attention à la voie de son peuple qui ne cesse de lui réclamer l'ouverture d'un dialogue avec la rébellion qui prend pied dans le nord et nord-est. Vingt ans de rébellion dans le sud Soudan n'ont pas permis de résoudre le différend entre John Garang et le régime de Khartoum.
Ce n'est que par suite de la médiation et aux négociations que l'on est arrivé à l'accalmie qui règne présentement dans cette partie du Soudan. C'est également par ce processus que malgré des trépignements, le régime de Khartoum est en train de régler le différend qui l'oppose aux rebelles du Darfour. Pas très longtemps que la semaine dernière au Mali, les rebelles Touareg ont pris les armes contre le pouvoir de Amadou Toumani Touré, sage, celui-ci a déclaré que ce n'est pas par les armes que les problèmes maliens peuvent être arrangés; une façon tacite d'appeler les rebelles Touareg à la table de négociation, ce que d'ailleurs eux-mêmes ont souhaité.
En Côte d'Ivoire, et malgré eux, Gbagbo et les forces nouvelles ont finalement convenu d'un arrangement pacifique de leurs différends. Le processus de désarmement des forces nouvelles en cours a déjà connu quelques avancées.
Tous ces exemples doivent inspirer le général Bozizé et les tenants du pouvoir de Bangui pour qu'ils sachent qu'à force de faire le sourd-muet devant les lamentations et les cris de détresse de leur peuple, ils finiront un jour par connaître les mésaventures qui ont précipité la chute du régime Patassé.
L'homme fort du 15 mars 2003 doit faire une bonne lecture des événements passés et présents et accepter de dialoguer avec ses partenaires politiques, la société civile voire les groupes armés afin de trouver des solutions réelles et durables, acceptables par tous aux problèmes qui secouent le pays en ce moment.
Au lieu de se frictionner derrière un fanatisme qui ne dit pas son nom, les proches du général Bozizé et surtout ses conseillers civils et militaires ont cet impérieux devoir de faire accepter au Président de la République la tenue d'un Dialogue avec toutes les sensibilités afin de déterminer les nouvelles orientations du pays et ainsi permettre l'amorce d'une véritable marche du pays vers le développement socioéconomique.
Mercredi 31 Mai 2006
Grand. Petit-Jean
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