CÔTE D'IVOIRE - PRESIDENTIELLE 2006 : DEBUT DES MANOEUVRES POUR LES PROCHAINES ELECTIONS
| Campagne présidentielle lancée pour un hypothétique scrutin |
| CÔTE D'IVOIRE - 13 mars 2006 - AFP |
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L'ancien chef d'Etat Henri Konan Bédié a été officiellement désigné samedi à Abidjan candidat de son parti, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), à l'élection présidentielle programmée d'ici la fin octobre 2006. Renversé en 1999, le successeur du "père de l'indépendance" Félix Houphouët Boigny va tenter de reconquérir le pouvoir avec un ambitieux programme de "retour à la paix et à la sécurité". Il pourra s'appuyer pour cela sur un PDCI (ancien parti unique dont les membres ont dirigé le pays pendant plus de quarante ans) certes vieillissant, mais toujours incontournable dans le paysage politique ivoirien. La difficulté de M. Bédié, dont le régime fut discrédité par la corruption et a marqué le début de la crise, résidera plus dans sa capacité à apparaître comme l'homme du renouveau. Ceci au moment où le Premier ministre Charles Konan Banny (proche du PDCI), qui revendique clairement l'héritage houphouétiste, a le vent en poupe et commence à lui faire de l'ombre, même si il s'est engagé à ne pas être candidat. L'autre grand ténor de l'opposition, Alassane Ouattara, ancien Premier ministre et président du Rassemblement des Républicains (RDR), met lui aussi ses troupes en ordre de marche. Revenu fin janvier en Côte d'Ivoire après trois années d'exil en France, M. Ouattara, qui a annoncé publiquement à plusieurs reprises son intention de se porter candidat, a entamé la "restructuration" de son parti dans la perspective du scrutin. Consultations avec les militants, réunion du bureau politique, mise en place d'un secrétariat "rénové"... "ADO", originaire du nord du pays, veut "améliorer l'implantation du RDR afin de lui assurer la victoire aux prochaines élections". Autrefois farouches adversaires, MM. Bédié et Ouattara ont conclu en mai 2005 une alliance politique, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), "plate-forme" d'opposition qui regroupe le PDCI, le RDR et deux autres petites formations. Samedi, en présence de M. Ouattara, M. Bédié a promis en cas de victoire la mise en place d'un "gouvernement d'union nationale" avec les signataires du RHDP. Beaucoup s'interrogent néanmoins sur la profondeur de cette alliance, tandis que d'autres voix au sein de l'opposition souhaiteraient une candidature unique du RHDP face au président sortant Laurent Gbagbo. De leur côté, les partisans du chef de l'Etat se sont regroupé début mars au sein du "Congrès national de la résistance pour la démocratie" (CNRD). Pendant du RHDP, cette large alliance regroupe les principaux mouvements de la mouvance "patriotique" de Charles Blé Goudé, le Front populaire ivoirien (FPI, parti présidentiel) et une vingtaine d'organisations "politiques et sociales". Dirigé par l'écrivain Bernard Dadier et l'épouse du président, Simone Gbagbo, ce "front de résistance" ratisse bien au-delà de l'électorat du FPI. Le CNRD surfe sur l'habituelle propagande "anti-colonialiste" et surtout anti-française du camp présidentiel, qui séduit de nombreux Ivoiriens, en particulier les jeunes. Et il se caractérise surtout par sa capacité de mobilisation dans la rue, avec ses "patriotes", les syndicats professionnels et la puissante Fédération estudiantine de Côte d'Ivoire (Fesci). Cette campagne électorale qui ne dit pas son nom débute alors que la tenue des élections reste encore hypothétique. Malgré la détermination affichée par le Premier ministre, les listes électorales n'ont pas encore été établies, l'identification des populations comme le désarmement n'ont pas commencé, et la Côte d'Ivoire reste coupée en deux, avec la rébellion qui contrôle le nord du pays. |
A huit mois des élections générales ivoiriennes, les deux principaux partis d'opposition et le camp du président Laurent Gbagbo se mettent en ordre de bataille pour les présidentielles, malgré les interrogations sur la tenue du scrutin. 