Le Président du Centrafrique, reçu par Benoît XVI
| Cité du Vatican, le 22 octobre 2007 - (E.S.M.) - La Salle-de-Presse du Saint-Siège a confirmé la visite, samedi, de Mr. François Bozizé, Président du Centrafrique, qui après avoir été reçu par le pape Benoît XVI s'est entretenu avec le Cardinal Secrétaire d'Etat et le Secrétaire pour les relations avec les états. |
Le pape Benoît XVI et le général Francois Bozize, président de la République centre-africaine
Le Président du Centrafrique, reçu par Benoît XVI
Brèves
La Salle-de-Presse du Saint-Siège a confirmé la visite, ce matin, de Mr.François Bozizé, Président du Centrafrique, qui après avoir été reçu par le pape Benoît XVI s'est entretenu avec le Cardinal Secrétaire d'Etat et le Secrétaire pour les relations avec les états.
Ces entretiens ont permis de commenter la situation du pays et en particulier le processus de paix et le rôle de l'Eglise dans le dialogue national, ainsi que dans les domaines de la santé et de l'éducation. Le Saint- Siège souligne "la nécessité d'un soutien international dans sa lutte contre la pauvreté et le dépassement des difficultés actuelles".
071022 (110)
Autre synthèse ►Benoît XVI reçoit le général Francois Bozize, président de la République centre-africaine
Les capucins constructeurs de ponts et de paix en Centrafrique
Bouar, Bocaranga, Ndim, Ngoundaye : des noms de villes et de villages d'un pays que peut-être peu de personnes connaissent. "Souvent – avoue à l'agence MISNA Père Cipriano Vigo –, les gens pensent que le Centrafrique est tout simplement une expression géographique, une manière comme une autre pour indiquer une zone de l'Afrique subsaharienne". Mais en réalité, la République Centrafricaine est un État de 3,5 millions d'habitants et avec un tas de problèmes à résoudre, notamment au nord-ouest du pays, où Père Cipriano, un Capucin d'Arenzano, en Ligurie (Italie), vit depuis 1960 et mène son ouvrage de missionnaire. "Par un jeu du hasard – dit-il –, 1960 est également l'année de l'indépendance du pays par rapport à la France.
À l'époque, j'avais 26 ans et le désir de remplir mon rôle de missionnaire ; lorsque l'opportunité s'est présentée, j'ai accepté tout de suite. Maintenant on peut dire que j'ai vieilli en même temps que le Centrafrique". Père Cipriano sourit au souvenir de son arrivée à Bocaranga, puis à Ngoundaye, et de nouveau à Bocaranga, où il dirige aujourd'hui une école de catéchistes. Là-bas, à quelques kilomètres du Cameroun et du Tchad, il a offert son assistance pendant 47 ans : "Les gens ont évolué, mais cela reste un pays abandonné de tous ; j'ai essayé d'apporter mon aide, et j'ai reçu bien plus en échange". La voix du religieux n'est pas fatiguée ; au contraire, elle monte d'un ton lorsqu'un souvenir revient à la surface, ou quand une personne lui retourne en mémoire, une personne qui a marqué d'une certaine manière son expérience de vie au service des nécessiteux. "Dans l'école que je dirige, nous accueillons tous les six mois dix catéchistes potentiels et leurs familles : nous donnons des leçons de religion le matin ; l'après-midi, il y a des cours de menuiserie et de couture". Une fois que la période de six mois est achevée, les familles retournent dans leurs villages d'origine ; pendant trois ou quatre ans, le néo-catéchiste est suivi par un catéchiste plus âgé, puis il se rend à Ngoundaye pour un cours de perfectionnement.
Avec Père Cipriano, là-bas, à Bocaranga, il y a deux autres Italiens, deux Centrafricains et un Polonais : ils vivent ensemble et vont de village en village : "Lorsque nous nous déplaçons, nous ne prenons rien avec nous : nous mangeons avec nos gens, parfois nous partageons le même toit, nous vivons avec eux". Aujourd'hui, plus que jamais. Depuis deux ans, cette région est instable : on y trouve des bandits, des rebelles et l'armée : tous contre tous, ce qui donne lieu à des violences et des combats qui ont poussé des milliers de personnes à abandonner leurs foyers pour trouver refuge dans les campagnes, dans la forêt, en ville (à Bozoum, on en compte au moins 11.000), voire au-delà de la frontière, au Tchad et au Cameroun. Selon la coordination des agents humanitaires, les personnes déplacées s'élèveraient à 300.000. Dans l'indifférence internationale la plus totale, cette zone est le cadre d'attaques et de combats entre les bandes armées, les mouvements rebelles et les troupes gouvernementales. Les civils, accusés de part et d'autre d'être ralliés au camp opposé, se retrouvent les principales victimes de l'action violente de ces forces.
D'après les statistiques de l'Onu, chaque semaine, on enregistre dans les districts septentrionaux 450 décès de sous-alimentation chez les enfants, tandis que les femmes sont souvent victimes de viols. La mission de paix conjointe des Nations Unies et de l'Union européenne, qui devrait être déployée au Centrafrique et au Tchad au cours des prochains mois, risque de n'avoir que peu de retombées positives sur les populations centrafricaines, dans la mesure où l'objectif principal du contingent international, sous l'égide de la France, résidera dans le contrôle de la frontière du Darfour, la région occidentale soudanaise où sévit depuis février 2003 un conflit interne. La famine est arrivée en même temps que les violences : "Cultiver la terre est devenu dangereux – explique Père Cipriano – et sans les aides de l'Unicef et du Programme alimentaire mondial, la situation serait encore pire. Les grands marchés camerounais de Mbayboum sont devenus inaccessibles eux aussi : les camions sont escortés par les militaires ; ceux qui s'aventurent seuls sont souvent obligés de payer de gros péages pour pouvoir passer ; de nombreux villages ont été brûlés ; on a parfois l'impression de se trouver dans un désert. Les gens, effrayés, se sont rassemblés autour de nous". Les missionnaires jouent un rôle de médiation, reconnu également par les parties en cause dans cette guerre des pauvres contre les pauvres.
D'autres sources locales que l'agence MISNA ont référé que plusieurs missionnaires ont été chargés de mettre en place des négociations et des entretiens aussi bien avec les bandits qu'avec les groupes rebelles : des conseillers proches du président François Bozizé ainsi qu'un général français ont frappé à la porte d'une mission pour requérir l'intervention des missionnaires en faveur de la pacification de l'aire. "Les violences de l'armée, des rebelles et de bandits ordinaires – ont déclaré plusieurs sources missionnaires contactées par MISNA – aggravent une urgence qui devrait être résolue le plus tôt possible. Les injustices et les abus se multiplient envers les civils ; de plus en plus de personnes sont enlevées par des bandes armées qui demandent ensuite le versement de rançons si exorbitantes que les proches se retrouvent obligés de vendre tout ce qu'ils ont". Dans au moins trois cas d'enlèvement, un missionnaire est parvenu à obtenir la libération des otages au risque de sa propre vie. Chaque semaine, les missionnaires rencontrent les rebelles, les bandits et les soldats gouvernementaux ; en même temps, ils reconstruisent des ponts, rouvrent des routes, rétablissent la sécurité. "Moi je reste un optimiste inguérissable, et puis récemment, je me suis mis aussi à reconstruire les ponts détruits pendant les combats !", conclut, souriant, Père Cipriano. (Propos recueillis par Gianfranco Belgrano)
(Source Agence Misna)