La méthode BOZIZE n'est pas appréciée par son entourage et au-delà
Le moins qu'on puisse dire c'est que la méthode Bozizé continue de faire des vagues. Elle n'est pas appréciée par son entourage et au-delà. Une méthode dite chirurgicale qui consiste à couper les têtes qui dérangent. Une méthode au cas par cas alors que c'est tout le gouvernement qui a besoin d'être toiletté pour cause de paralysie, d'inertie de paresse et d'inefficacité. De la présidence de la République à la primature en passant par le gouvernement et l'assemblée nationale, cette méthode est boudée et suscite critique et quolibets. Bozizé est désormais considéré comme un amérindien au scalpel tranchant. Un coupeur de tête qui fait peur à ses propres collaborateurs qui tremblent comme des feuilles mortes à l'idée de subir la foudre présidentielle.
Même les partis de la majorité présidentielle qui ont l'habitude d'applaudir systématiquement et mécaniquement les faits et gestes du Chef de l'État sont désormais sur la défensive et n'apprécient guerre cette méthode qui instaure un climat de méfiance et de suspicion. Le GPPMP comme la Convergence KNK sans compter les partis indépendants de la majorité Présidentielle ne sont pas contents. Eux qui espèrent rentrer au gouvernement voient leur chance voler en éclats comme un écran de fumée. François Bozizé ne voit toujours pas l'opportunité de consulter ses alliés politiques à propos de décisions majeures comme le remaniement gouvernemental. Une attitude qui laisse clairement penser que le chef méprise ses propres alliés dont les critiques sont désormais ouvertes et publiques à l'instar du PSD du Président Énoch Derant Lakoué qui vient de rompre le silence au grand étonnement général.
Mais si la méthode Bozizé ne plait guère et défraie la chronique, il n'y a personne pour s'adresser directement à l'Assemblée Nationale à ce sujet. Le gouvernement est terrifié et tétanisé pendant que l'Assemblée Nationale est plus que jamais devenue aphone, sans voix. Elle est pire qu'une simple caisse de résonance comme l'a démontré récemment l'avocat Me Goungaye Ouanfiyo dans une déclaration d'une pertinence époustouflante. Les députés rasent le mur comme les membres du gouvernement au profil bas. Ces derniers n'osent plus affronter le regard inquisiteur du chef de l'État. Il y en a qui rentre sous terre au Conseil des Ministres. Et d'ailleurs, le Président de la République n'a plus de considération pour les conseils de ministre qu'il abandonne au profit des réunions de trésorerie.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que François Bozizé survole tout le monde dans une démarche peu républicaine et quasi monarchique. La Constitution de la République est foulée aux pieds et les ministres ne sont plus que des marionnettes. Les plus zélés continuent de faire croire que ce qui arrive aux autres ne les concerne pas. Ils applaudissent François Bozizé à se rompre les mains en oubliant qu'à chacun son tour chez le coiffeur…
Les chancelleries ou les ambassades accréditées auprès du gouvernement centrafricain ne comprennent rien à cette méthode qui consiste à scier l'arbre sur lequel on est confortablement assis. Les français en particulier considèrent que le président de la République joue avec le feu alors que la politique reste une affaire sérieuse. Profitant de l'incident du 14 juillet 2007 à la résidence de France et de l'affaire Total contre Sogal, la diplomatie française met la pression à travers des menaces à peine voilées. La France a les moyens de faire chanceler un régime qui refuse de se prendre au sérieux et qui s'emploie, à creuser sa propre tombe. Quel masochisme !
Jusqu'où va s'arrêter le Président de la République. On s'interroge ici et là et il n'y a rien pour arrêter la méthode de Bozizé, du moins pour l'instant. Une chose est sûre cependant, cette méthode a fait l'unanimité contre elle dans l'opinion publique et enlève tout crédit à ce gouvernement sérieusement démembré. Les mauvaises langues vont jusqu'à imaginer que le super ministre Sylvain Ndoutingaï pourrait être le tout prochain chef du gouvernement de la République. Une hypothèse qui fait grincer les dents, car ce serait assurément le comble. Mais avec le général François Bozizé tout ou presque est permis y compris le tribalisme et le népotisme. Vers un gouvernement des neveux et des sassariens ?
Ici aussi on s'interroge pendant qu'il est annoncé le départ prochain de deux autres membres du gouvernement dans les organismes gouvernementaux…
François Bozizé désormais seul maître à bord à travers une méthode jamais expérimentée de mémoire d'homme ou de Centrafricain. Même Bokassa qui avait tout le pouvoir savait ce qu'il voulait et avait un minimum de considération pour ses collaborateurs qu'il savait sélectionner pour les besoins de la cause. Mais François Bozizé étonne et dérange à la fois.
Samedi 28 Juillet 2007
Jean Ding-Kpi
Publicité