Centrafrique : pourquoi les élections ne se tiendront pas en mars-avril prochain !

Publié le par Adrien Poussou - L'Indépendant

photo_1_v2.jpgLa date précise des élections législatives et présidentielles n’a pas encore été fixée. Mais en coulisse, tant du côté du pouvoir que de l’opposition, c’est le principal sujet de conversation. Ces élections vont-elles se tenir à échéance ? Rien n’est moins sûr.
Le plutôt sera fin 2010…

Si l’on en croit une source crédible qui cite une confidence du ministre centrafricain en charge de la communication et porte-parole du gouvernement, Cyriaque GONDA, les élections législatives et présidentielles ne sont pas pour demain. D’après notre source, Gonda aurait dit que « dans le meilleure des cas les élections se tiendront en novembre prochain. Pour la simple et la bonne raison, la source cite toujours Gonda, le gouvernement n’a aucun rond dans ses caisses. Pire, aucun partenaire n’est prêt à mettre la main à la poche pour financer ces élections. Et dans le contexte actuel, la communauté internationale ne pourra pas soutenir le gouvernement ».

Notre source assure également que le monsieur réconciliation nationale du gouvernement Touadera aurait aussi indiqué qu’au sein du gouvernement, « nul ne peut prendre le risque d’aborder la question en public de peur d’être ratatiné ». La raison ? « François Bozizé, ne semble pas encore prêt à admettre cette évidence ».

Ces informations, qu’il faut bien sûre prendre avec beaucoup de circonspection du fait de la difficulté de procéder à toutes les vérifications nécessaires, semblent pourtant traduire l’état d’esprit du camp présidentiel et corroborent les informations d’une autre source, ancien membre du gouvernement Touadéra 1, citant toujours le proche entourage du président centrafricain, qui atteste que le « KNK n’exclut plus un autre scénario que le sien. C’est-à-dire, se prépare sérieusement pour la prolongation ».

Comme nous le précisions plus haut, il est difficile d’avoir la confirmation des ces propos auprès de celui à qui ils sont attribués : Cyriaque Gonda. Son téléphone portable sonne neuf fois sur dix dans le vide. Lorsque ce téléphone répond, au bout du fil, il y’a quelqu’un qui se présente comme le garde du corps du ministre et qui répète invariablement le même message connu de tous les habitués : le ministre est en réunion. S’il est mieux inspiré, le ministre est en conseil. Même le dimanche à sept heures du soir ? Mystère…

Au bon sens, tout le monde est tenu

Chacun peut aisément le constater, il existe une maladie infantile de la démocratie qui s’appelle contestation des résultats électoraux. Cela tend à devenir un rituel. Même quand les élections sont organisées dans des meilleures conditions. D’ailleurs, dans les pays en apparence bien installés dans le système démocratique, il est souvent difficile, de déterminer qui, du vainqueur ou des vaincus, à raison. Cela n’est donc pas de nature à encourager l’amateurisme et la précipitation dans le cas centrafricain. Car une mauvaise élection, ouvrirait la voie à des troubles, donc à l’instabilité chronique.

C’est pourquoi un certain nombre de préalables restent à régler bien avant d’envisager la date des prochaines élections. Il faut d’abord et avant toute chose, procéder, sous la supervision de la communauté internationale, aux opérations de DDR (désarmement, démobilisation et réinsertion des combattants) sans lesquelles, il y’a point d’élection valable. François Bozizé ferait mieux de mettre les 8 milliards octroyés par les Etats membres de la CEMAC (Communauté économique et monétaire des Etats de l’Afrique centrale) pour ces opérations à la disposition du PNUD ainsi que du Bonuca. De même, pour prendre à contre pied les velléités de contestations, les exigences de l’opposition doivent être prises en compte, notamment en ce qui concerne les vraies opérations de recensement du corps électoral. Dans la foulée, la question du retour des réfugiés doit être résolue.

Il n’est pas inutile de rappeler tout cela car même dans les pays dits de tradition démocratique, les soupçons de fraude ne sont jamais loin. Et souvent, même lorsque ces élections sont pluralistes, contrôlées par une commission indépendante, scrutées par des observateurs internationaux et la presse, validées par une cour constitutionnelle au dessus de la mêlée, elles ne sont pas acceptées par l’ensemble des forces politiques en face. La RCA ne fera probablement pas l’exception à cette règle.

Quel régime pour quelle transition après le 11 juin prochain ?

Si elle n’était pas inspirée par l’un des affidés de l’homme du 15 mars, si ses initiateurs, les députés Luc Apollinaire Dondon Konamabaye et Abouka n’étaient pas présentés comme des visiteurs nocturne d’un certain Élie Ouéfio, pièce maîtresse du dispositif de François Bozizé, la proposition de loi relative à la prorogation des mandats présidentiels et législatifs devait également aborder en contre-point toutes les questions liées à cette nouvelle situation, somme toute extraconstitutionnelle, il faut le dire, et définir clairement les modalités de sa mise en place.

Sans se perdre dans un juridisme qui finit toujours par se faire rattraper par les réalités du terrain, en évoquant l’impossibilité constitutionnelle de proroger le mandat du président sortant, il paraît nécessaire de réfléchir à cette situation inédite qui se profile à l’horizon juin. Pouvoir et opposition sont tenus de se concerter afin de se mettre d’accord sur la forme de la transition à mettre en place au-delà du mandat de François Bozizé.

C’est d’ailleurs ici l’occasion de rappeler que le mépris affiché du général Bozizé pour les intellectuels s’explique en grande partie, sinon essentiellement, par leur incapacité à se mettre d’accord ! Au lieu de s’offrir pour la énième fois en spectacle désolant, comme ce fut malheureusement le cas pour le dialogue politique inclusif, les principaux responsables politiques centrafricains doivent maintenant et dorénavant parler le même langage. L’union fait la force, dit-on. Quand ils parleront d’une même voix, ils réussiront certainement à faire imposer leurs vues. En politique comme à l’armée, c’est la dictature du rapport de force.

Bon, résumons-nous : le 12 juin prochain, la république centrafricaine devrait se doter d’un gouvernement de transition avec à sa tête un premier ministre consensuel, qui aura la lourde responsabilité d’organiser des élections crédibles acceptées par tous.

Lundi 4 Janvier 2010
Adrien Poussou

Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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E
<br /> que Dieu vous benisse pour votre front parler. La R C A a besoin des gens comme vous en nombre considerable pour sortir ce pays dans son marasme<br /> chronique si j'ose dire.<br /> <br /> <br />
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