LANSANA CONTE OU LA HONTE DE L'AFRIQUE

Publié le par le confident

Ce qui se passe actuellement à Conakry doit interpeller tous les Africains, tous les démocrates du monde entier. Le Chef de l'Etat guinéen est en effet en train de défier son peuple, son continent et tous les hommes épris de paix, de justice sociale. Voilà un président qui, en ce début du 21ème siècle, après 23 ans de pouvoir, grabataire et incapable de continuer à gérer son pays déclare : « Un général ne démissionne pas ». Un général est-il un superman ? De Gaule qui avait démissionné était-il moins général que lui ? Abandonner le pouvoir pour le bien de son peuple est une force, une preuve de nationalisme et non une faiblesse.
Lansana continue ses arguties en disant qu'il a reçu le pouvoir de Dieu. Il ne précise malheureusement pas si Dieu l'a installé à la tête de la guinée pour massacrer son peuple ou plutôt pour le servir.

Et comme beaucoup des présidents africains, Lansana Conté s'appuie sur son ethnie, son clan, sa famille pour diriger le pays. C'est ainsi qu'il n'a pas hésité de confier à son épouse la mission de négocier avec les syndicalistes pendant la crise qui secoue son pays comme si elle était la vice-présidente ou le premier ministre. Les problèmes de cette envergure doivent être traités par les institutions qui en sont chargés.
Sur la même lancée, Lansana s'appuie sur les militaires dont la plupart sont de son ethnie. Pour être sûr qu'ils lui restent fidèles, il leur accorde de nombreux avantages (avancements rapides en grades, soldes intéressantes …). Signalons au passage que Bozizé ne déroge pas à cette règle : il a fait débloquer les soldes des militaires alors que les traitements des fonctionnaires civils ont été gelés depuis 1985. Comme quoi les généraux ont les mêmes réflexes partout en Afrique ; c'est l'esprit de corps.

L'une des caractéristiques du régime de Lanasana Conté et de ses semblables est l'opacité dans la gestion de chose publique, les détournements de fonds et de biens publics, la cupidité. Cela a abouti à une situation paradoxale. Lansana Conté et son entourage vivent dans l'opulence alors que la population croupit sous le poids d'une misère noire. La Guinée comme la RCA est un pays pauvre. Les dévaluations successives du franc guinéen ‘‘Le Sili'' en ont fait une monnaie sans valeur. Les prix de produits de première nécessité ne cessent d'aller crescendo et le guinéen vit avec moins d'un dollar US/jour. C'est dans ce contexte que la population qui se sent directement concernée par cette situation s'est jointe aux mouvements syndicaux pour réclamer le départ de Lansana Conté parce qu'elle en a assez mare.

Et la réaction de l'impotent potentat c'est la violation massive des droits humains. A ce jour, environ 120 personnes tuées par les sbires de Lansana Conté y compris plus d'une centaine de blessés voire des arrestations, pillages, viols et tortures.
Il est dommage que les militaires aient opté pour un mourant qui n'a plus rien à perdre au détriment du peuple qu'ils sont supposés protégées.

Par ailleurs, on peut déplorer le fait que les réactions de l'Union Africaine (UA), de l'Union Economique et Monétaire Ouest Africain (UEMOA), de l'Organisation des Nations Unies (ONU) soient si timides face à cette dérive dictatoriale de Lansana Conte.
Tout se passe comme si cette répression sauvage était jugée normale. Il est souhaitable qu'il y ait un droit d'ingérence pour empêcher les assoiffés du pouvoir de s'y maintenir au pouvoir par la force en faisant couler abondamment le sang de leurs compatriotes. La vie de l'homme est sacrée, rien ne justifie donc le fait de l'ôter.
Mercredi 21 Février 2007
Maurice Sayo
 

Publié dans L'AFRIQUE

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