| | | La TV irakienne a montré le dictateur juste avant son exécution [Keystone] | | | | | Saddam Hussein a été pendu samedi à l'aube. Il avait été condamné à mort pour l'exécution de 148 chiites dans les années 1980. Le Premier ministre irakien a exhorté les partisans de l'ex-dictateur à rejoindre le processus politique. |
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«Saddam est monté calmement à la potence, il était résolu et courageux», a raconté à la télévision nationale Iraqia le Conseiller à la sécurité nationale, Moaffaq al-Roubaï. L'exécution de l'ancien président irakien a eu lieu juste avant 06h00 (04h00 heure suisse). Elle a suscité des réactions contrastées dans le monde. |
Exécution diffusée La télévision irakienne a diffusé dans la matinée à plusieurs reprises une séquence d'une vingtaine de secondes de l'exécution. Ces images montrent Saddam Hussein, les mains attachées dans le dos, le visage découvert. Les images s'arrêtent et ne montrent pas la pendaison elle-même.
Ses dernières paroles, selon le juge Mounir Haddad, ont été: «J'espère que vous resterez unis et je vous mets en garde: ne faites pas confiance à la coalition iranienne, ces gens sont dangereux». Le corps «pourrait être remis à sa famille pour être enterré», a dit Moaffaq al-Roubaï. |
Appel du premier ministre Le Premier ministre Nouri al-Maliki, se félicitant de l'«exécution du criminel Saddam», lui a indirectement répondu en lançant un appel à la réconciliation à l'intention des partisans de l'ancien régime dont «les mains ne sont pas tachées de sang».
La télévision d'Etat a annoncé par erreur que les deux co-accusés de Saddam Hussein, son demi-frère Barzan al-Tikriti, ancien chef des services de renseignement, et l'ancien président du tribunal révolutionnaire Awad al-Bandar, lui avaient succédé sur le gibet. En fait leur exécution a été reportée de quelques jours. |
Joie mesurée en Irak La pendaison de l'ancien président Saddam Hussein, qui a dirigé d'une main de fer l'Irak pendant près de 25 ans, n'a suscité que des manifestations de joie mesurées samedi, dans les villes et les quartiers chiites du pays.
C'est à Kout, ville chiite à 175 km au sud de Bagdad que les Irakiens ont été les plus nombreux à descendre dans la rue: près d'un millier de manifestants ont laissé éclater leur joie dans le centre de la ville. Beaucoup brandissaient des portraits du grand ayatollah Ali Sistani, la plus haute autorité religieuse chiite, et de Mohammad Sadeq Sadr, le père du chef radical chiite Moqtada Sadr, un dignitaire respecté assassiné en 1999 par le régime de Saddam Hussein.
Dans le quartier populaire chiite de Sadr city à Bagdad, bastion des milices et de Moqtada Sadr, des habitants ont défilé en brandissant une effigie de Saddam suspendue à un bâton, pour simuler la pendaison de l'ancien homme fort du pays. "C'est un jour de fête pour moi et pour tout le monde", souligne une vieille femme qui a perdu deux de ses frères et deux cousins, exécutés en 1986. |
Couvre-feu à Samarra et Baaqouba Dans les villes sunnites, la communauté dont est issu Saddam Hussein et qu'il a toujours favorisée, les réactions ont été très discrètes. A Tikrit, l'ancien bastion de Saddam Hussein au nord de Bagdad, la vie a poursuivi son cours sans manifestations particulières.
Les autorités irakiennes ont cependant imposé un couvre-feu à Samarra, à 110 km au nord de Bagdad. Un couvre-feu a également été imposé dans la ville de Baaqouba, capitale de la province de Diyala, au nord de Bagdad, où vivent sunnites et chiites et où les violences confessionnelles sont particulièrement meurtrières. |
Condamné pour un seul cas Renversé quelques semaines après l'invasion de l'Irak par la coalition conduite par les Etats-Unis, en mars 2003, Saddam Hussein avait été arrêté le 13 décembre de la même année. Traduit en justice, il avait été condamné à mort par pendaison le 5 novembre pour les crimes contre l'humanité commis en 1982 avec le massacre de 148 chiites à Doujaïl.
Cette condamnation avait été confirmée mardi par le juge de la Cour d'appel, Mounir Haddad. Vendredi, ses avocats avaient tenté une dernière fois de faire reporter son exécution, en déposant un recours devant une juge de Washington. Ils souhaitaient profiter des droits offerts à l'ex-raïs par une plainte civile dont il faisait l'objet aux Etats-Unis pour obtenir une suspension temporaire de la procédure.
agences/cab/tac |
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PARCOURS D'UN DICTATEUR Né en 1937 à Tikrit, village proche de Bagdad, Saddam Hussein est élevé par sa mère. Adhérant en 1955 au parti Baas, il participe en 1959 à la tentative d'assassinat du 1er Ministre Kassem, ce qui lui vaut un exil en Egypte et une condamnation à mort par contumace.
Saddam devient vice-président du régime en 1968, à la faveur d'un coup d'Etat. Au pouvoir, il nationalise l'industrie pétrolière, lance des programmes de développement économique et étend l'offre de services publics (écoles, hôpitaux). La démission du Président al-Bakr le 16 juillet 1979 lui ouvre les portes de la présidence de l'Irak. Le 22, il exécute les membres du parti Baas susceptibles de lui nuire. Saddam est un musulman sunnite, le peuple est surtout chiite.
La guerre contre l'Iran (1980-88) met l'Irak à genoux avec une dette de 75 mrds de dollars. Cherchant désespérément de l'argent à l'étranger, Hussein demande l'annulation de cette dette et presse en particulier le Koweït de renoncer à ses 30 mrds de créances. |
Invasion du Koweït Saddam annexe le Koweït le 2 août 1990, contrôlant 20% des réserves de pétrole du Golfe. En janvier 1991, une coalition d'Etats portée par les Etats-Unis, incluant la Syrie et l'Arabie Saoudite, bombarde l'armée irakienne et la repousse hors des frontières koweitiennes. Côté irakien, la guerre fait près de 85'000 morts et 175'000 prisonniers. En Irak, des rébellions kurdes et chiites sont brutalement réprimées, y compris avec des armes chimiques.
Suite aux attentats de septembre 2001, G.W.Bush accuse l'Irak de soutenir le terrorisme et de chercher à se doter d'armes de destruction massive. En mars 2003, les USA et la Grande Bretagne entrent en guerre contre l'Irak sans le soutien de l'ONU. Après quatre semaines de combat, la coalition entre à Bagdad.
En décembre 03, Saddam Hussein est capturé. Les images de l'ex-"raïs", hagard et hirsute, font le tour du monde. Jugé coupable d'avoir ordonné la mort de 148 villageois chiites en 1982, il est condamné à la peine de mort par pendaison le 5 novembre 2006. D'autres procès, dont celui concernant le génocide de près de 180'000 Kurdes dans les années 1980, étaient prévus. |