CÔTE D'IVOIRE - PROCESSUS DE PAIX : THABO MBEKI MEDIATEUR A ABIDJAN

Publié le par JEUNE AFRIQUE L'INTELLIGENT

Le médiateur de l'Union africaine à Abidjan pour une visite en terrain miné
CÔTE D'IVOIRE - 25 septembre 2006 - par AFP

actualité afriqueLe médiateur de l'Union africaine pour la Côte d'Ivoire, le sud-africain Thabo Mbeki, accusé de partialité par l'opposition et la rébellion ivoiriennes, a rencontré lundi à Abidjan le président Laurent Gbagbo, après l'annonce mercredi du report des élections par l'Onu.

Les deux chefs d'Etat se sont concertés pendant deux heures à la présidence de la République d'où il sont sortis peu après 18H00 GMT et locales sans faire de déclaration.

Le président sud-africain a également rencontré lundi dans la soirée le Premier ministre ivoirien Charles Konan Banny à l'hôtel Sofitel du quartier administratif où il est descendu, un entretien qui n'a pas non plus fait l'objet de commentaires.

Le médiateur de l'UA est venu discuter d'un nouveau cadre de sortie de crise après l'officialisation mercredi par l'Onu du report des élections générales initialement prévues avant fin octobre.

A l'issue de cette réunion des Nations unies boycottée par le chef de l'Etat ivoirien, l'Onu, les acteurs et les médiateurs de la crise en Côte d'Ivoire ont laissé aux instances collectives africaines le soin de décider prochainement de l'avenir du processus de paix dans ce pays coupé en deux depuis quatre ans.

Mais la légitimité du médiateur de l'UA est sérieusement contestée par l'opposition et par la rébellion qui accusent M. Mbeki de partialité.

Dimanche, la rébellion a demandé dans un courrier adressé au président en exercice de l'UA Denis Sassou N'Guesso "la nomination d'un nouveau médiateur" qui fasse "le consensus dans la classe politique".

Vendredi, le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI, ex-parti unique) lançait "un appel pressant au médiateur de l'UA afin qu'il adopte un comportement impartial et juste dans la recherche de solutions".

La rupture avait été consommée fin août 2005, lorsque le vice-ministre sud-africain des Affaires étrangères Aziz Pahad s'était dit convaincu que le président ivoirien avait "rempli ses obligations", prévues par l'accord de Pretoria II (signé fin juin 2005 sous les auspices de Thabo Mbeki) et stigmatisé l'attitude de la rébellion.

Par ailleurs, les positions des protagonistes de la crise, telles qu'exprimées ces dernières semaines, semblent inconciliables.

L'opposition et la rébellion réclament une nouvelle transition avec un Premier ministre aux pleins pouvoirs, contrôlant notamment l'armée, et par voie de conséquence un Laurent Gbagbo dépourvu de ses prérogatives.

Ce dernier a pour sa part affirmé qu'il était "prêt à discuter" mais "plus à négocier", s'appuyant sur la constitution pour défendre son maintien à la tête du pays jusqu'à la tenue des prochaines élections.

Vendredi, le parti présidentiel, le Front populaire ivoirien (FPI) demandait la dissolution du Groupe de travail international (GTI) sur la Côte d'Ivoire, souhaitant que M. Mbeki devienne l'unique interlocuteur pour le règlement de la crise.

"A quel Mbeki aurons-nous affaire à Abidjan?, s'interrogeait lundi le quotidien Le Front (proche de la rébellion). Un Mbeki dont on dit qu'il épouse les idéaux de Gbagbo et qui vient rencontrer son poulain pour l'assurer de sa protection? Ou un Mbeki qui s'imagine encore dans la peau de médiateur?"

De son côté, Notre Voie, proche du camp présidentiel, saluait la "lecture réaliste et objective de la crise " de Thabo Mbeki, ajoutant que sa visite constituait "un réel motif d'espoir".

La courte visite de Thabo Mbeki sera suivie de plusieurs réunions d'importance dans les semaines à venir pour décider du sort de la Côte d'Ivoire: la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao) doit se réunir début octobre, puis l'UA et enfin le Conseil de sécurité de l'Onu le 17 octobre.

Publié dans L'AFRIQUE

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