Centrafrique : Dialogue national "plombé", mais "pas dans l'impasse"
BANGUI - Le Dialogue national, censé résoudre la grave crise que traverse la Centrafrique, "a du plomb dans l'aile, mais il n'est pas dans l'impasse", a estimé mercredi le ministre en charge de cette question, Cyriaque Gonda, également porte-parole du gouvernement.
"Le Dialogue politique inclusif a du plomb dans l'aile, c'est vrai. On peut le dire ainsi, parce que si un oiseau a du plomb dans l'aile on peut le soigner. Mais il n'est pas dans l'impasse", a déclaré M. Gonda dans un entretien à l'AFP.
"Je vous assure qu'on ira au dialogue, on n'a pas le choix. Certaines personnes ont prêché l'apocalypse, mais on ira au dialogue parce que le peuple centrafricain est décidé à repartir sur de nouvelles bases", a-t-il dit.
Le "Dialogue politique inclusif" doit rassembler toutes les parties centrafricaines (pouvoir, rébellions, opposition, société civile) pour sortir le pays, un des plus pauvres de la planète, de la grave crise financière et sociale qu'il traverse et le pacifier entièrement.
"Le gouvernement a la ferme volonté d'aller au dialogue" alors que l'Armée populaire pour la restauration de la démocratie (APRD), une des rébellions signataire le 21 juin de l'"accord de paix global" à Libreville, a claqué la porte du processus de paix 1er août, a estimé M. Gonda.
"On vient de se rendre compte que ceux qui sont en train de reculer sont ceux qui réclamaient le dialogue à tout prix", a-t-il souligné en allusion à l'attitude de l'APRD.
Le ministre a rappelé que l'Assemblée nationale discutait actuellement en session extraordinaire des lois d'amnistie. "Dès qu'(elle) seront passées (...) le boulevard est ouvert pour qu'on aille au dialogue politique", a-t-il assuré.
M. Gonda a aussi indiqué que "sur la base de l'accord global (...) tous les dirigeants des rébellions sont amnistiés".
M. Gonda est aussi revenu sur la situation de l'ancien ministre Jean-Jacques Demafouth, président de l'APRD, inculpé pour l'assassinat de cinq proches d'André Kolingba, le prédécesseur de l'ancien président Ange-Félix Patassé (1993/2003) renversé par l'actuel chef de l'Etat François Bozizé. Il a expliqué que cette affaire était "un crime de sang avec des personnes en détention". M. Demafouth s'affirme quant à lui "tout à fait innocent" des accusations.
"Le cas de M. Demafouth accusé d'être le commanditaire" est "en train d'être traité à part parce que ça ne fait pas partie de l'accord global", a expliqué le ministre.
Lors des discussions à Libreville sur l'accord global, "le président (de l'APRD) Demafouth était en contact avec moi et avec le président de la République pour que ce cas délicat (...) puisse être traité de manière différente", a-t-il précisé.
M. Gonda a encore indiqué que "le cas" d'Abdoulaye Miskine, dirigeant de la rébellion du Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC), impliqué dans des exactions sous le régime Patassé, était "en train d'être traité à part".
M. Patassé, en exil au Togo à Lomé, est également "traité à part". "On est en train de travailler dans le cadre d'une remise gracieuse de peine ou d'une amnistie totale", a-t-il précisé.