La Centrafrique manque de moyens pour la réinsertion des enfants soldats

Publié le par Unicef.fr

L’Unicef France envoie 200 000 € en Centrafrique pour soutenir les programmes de protection de l’enfance. Mahimbo Mdoe, représentant de l’Unicef sur place, parle de la réinsertion des enfants soldats et de la lutte contre les violences sexuelles.

Après la conférence "Libérons les enfants de la guerre" organisée l’année dernière à Paris, quelle est la situation en République Centrafricaine en matière de démobilisation et de réinsertion des enfants soldats ?

La visite ici de Mme Coomaraswamy, la Représentante du Secrétaire général de l’ONU pour les enfants et les conflits armés, va permettre de libérer des enfants enrôlés dans un groupe qui s’appelle l’APRD. L’année dernière, c’était l’UFDR qui en avait relâché 400. Le problème vient de notre capacité de réponse : nous manquons de moyens pour offrir une réinsertion à ces enfants, qui risquent de retourner dans les groupes armés ou bien d’aller chercher du travail dans les mines de diamants.

Des programmes communautaires qui évitent la stigmatisation

À quel type de programme correspond la demande de fonds à laquelle l’Unicef France a répondu ?

Les enfants sont enregistrés, on essaie de leur faire retrouver leur famille d’origine et on leur apporte un soutien psychosocial. Mais il n’y a pas de centres de réinsertion en République Centrafricaine. L’Unicef s’appuie donc sur une approche communautaire : fournir des services sociaux aux communautés dont sont issus les enfants, sans stigmatiser les ex-enfants soldats en particulier, soutenir la mise en place et le fonctionnement d’écoles, de centres médicaux, de puits capables de fournir de l’eau potable.

Quelle est l’action de l’Unicef en matière de lutte contre les violences sexuelles ?

Pour la prise en charge médicale des victimes, nous travaillons avec plusieurs ONG du secteur de la santé. Mais nous faisons aussi un gros travail de sensibilisation auprès des militaires ainsi que dans les villages pour que les choses soient dites. Nous avons un réseau de partenaires qui vont de villages en villages discuter avec les groupes de femmes, pour les encourager à témoigner : l'intérêt est de pouvoir alors offrir aux victimes des soins post-violence (PEP kits*) et des informations sur les moyens de prévenir l'infection au VIH pour elles-mêmes et leurs enfants.

Y a-t-il moyen de faire avancer les choses du côté de la justice ?

Il n’y a pas de système de justice dans les zones en conflit. Nous passons par les réseaux communautaires pour que les agressions sexuelles puissent être au moins recensées : c’est une première étape avant d’espérer des condamnations. D’autre part, en prévision de la paix, l’Unicef a participé l’année dernière aux Etats généraux de la justice avec le gouvernement : nous espérons que nos recommandations pour sanctionner les violences sexuelles pourront être mises en place dans un futur proche.

197 000 personnes déplacées à cause de la violence

Il y a environ 197 000 personnes déplacées par la violence dans le pays. Comment peut-on offrir des services à une population ainsi dispersée ?

C’est très difficile, d’autant plus que l’insécurité et la saison des pluies entravent nos mouvements sur le terrain. Mais les déplacés n’ont fui qu’à quelques kilomètres de chez eux. En général, ils sont dans leurs champs. Un exemple de service réussi est l’éducation. Grâce aux écoles de brousse reconstituées auprès des communautés déplacées, il y a 67 000 enfants scolarisés cette année à travers tout le pays. Nous espérons passer à 150 000 à la rentrée prochaine. Les écoles de brousse sont aussi l’occasion de faire avancer l’hygiène, de distribuer des comprimés de déparasitage et de permettre aux enfants d’acquérir les "life skills" (compétences de base pour la vie de tous les jours).

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*Un "PEP kit" comprend :

  • pilule du lendemain,
  • test de grossesse,
  • antibiotiques prévenant les infections de type MST/IST ayant pu être transmises pendant le viol,
  • combinaison de médicaments ARV visant à réduire les risques d'infection VIH/sida (le premier traitement doit être pris dans les 72h qui suivent le viol pour être efficace).

Publié dans ACTUALITES NATIONALES

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