Le corps du soldat français de l'Eufor aurait été retrouvé

Publié le par L'Express

undefinedLes autorités soudanaises ont retrouvé un corps qui serait, croit-on, celui d'un militaire français de l'Eufor porté disparu lundi soir aux confins du Tchad, du Soudan et de la Centrafrique, a annoncé mercredi un porte-parole de la force européenne au Tchad.

 

"Des dispositions sont en cours pour l'identification formelle et la récupération du corps", a précisé le porte-parole de l'Eufor, le lieutenant-colonel Patrick Poulain.

 

Le gouvernement soudanais a informé de cette découverte le représentant de l'Union européenne à Khartoum, où une délégation de l'Eufor s'apprête à se rendre pour les formalités d'identification et de récupération du corps.

 

Un sergent du Commandement des opérations spéciales (Cos, forces spéciales françaises) est porté disparu après s'être "égaré" par inadvertance en territoire soudanais avec un véhicule 4x4. L'armée soudanaise a ouvert le feu sur la patrouille de l'Eufor, qui comptait deux hommes.

 

Le second soldat français, un adjudant, a pu rejoindre ses camarades stationnés du côté tchadien de la frontière, et tant Paris que l'UE ont présenté des excuses au Soudan pour cette violation accidentelle de la frontière.

 

D'après le colonel Poulain, il s'agissait d'une simple patrouille de reconnaissance de la part des deux hommes du Cos visant à vérifier le terrain.

 

Si ce décès est confirmé, il s'agira de la première perte enregistrée par la force européenne, qui est en cours de déploiement dans l'est du Tchad et le nord-est du Centrafrique pour protéger les population civiles des violences au Darfour soudanais voisin.

 

RISQUE D'ASPIRATION

 

L'Eufor, qui agit en vertu d'un mandat des Nations unies, est commandée par le général irlandais Patrick Nash dont le QG est situé au mont-Valérien, dans la région parisienne, avec un PC opérationnel au Tchad placé sous les ordres d'un général français.

 

La force européenne a déjà vu son déploiement retardé par l'attaque-surprise lancée début février contre N'Djamena par une colonne de rebelles tchadiens venus du Soudan, qui ont failli renverser le régime du président Idriss Déby.

 

Certains analystes s'interrogent sur la capacité de cette force à assumer sa mission de protection sans être impliquée par les conflits tchadien et soudanais.

 

Pour Bjoern Seibert, analyste à la Fletcher School of Law and Diplomacy de Boston, cet incident transfrontalier n'est pas une surprise compte-tenu de l'extrême porosité de la frontière et de l'absence d'une ligne bien définie de démarcation entre les trois pays.

 

"Cela montre aussi les craintes du Soudan de voir les Français ou les Européens collecter des informations sensibles à ses frontières", souligne-t-il. "L'incident souligne le potentiel pour de nouveaux incidents et le risque aussi de voir l'Eufor aspirée plus profondément dans des conflits régionaux".

 

L'affaire risque aussi d'apporter de l'eau au moulin des détracteurs de l'Eufor que gêne la présence, trop forte à leurs yeux, de la France dans ses rangs et de la neutralité présumée de la force européenne. Paris, qui dispose déjà d'un dispositif aéroterrestre conséquent au Tchad, fournira plus de la moitié des effectifs de l'Eufor.

 

Pascal Fletcher à Dakar, version française Jean-Loup Fiévet

Publié dans L'AFRIQUE

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