Les Nations Unies et des ONG inquiètes du sort des réfugiés centrafricains au Cameroun

Publié le par Irin news

2007080832.JPGYAOUNDÉ, 4 décembre 2007 (IRIN) - La plupart des quelque 45 000 réfugiés centrafricains installés dans l’est du Cameroun sont malades, mal nourris et généralement en mauvaise santé, selon des organisations non-gouvernementales (ONG) et des agences des Nations Unies.
Depuis 2005, des pasteurs Mbororo de la région ouest de la République centrafricaine (RCA) fuient les enlèvements d’enfants et les agressions – les meurtres notamment – perpétrés par des bandits masqués.

Les réfugiés arrivent « très diminués, après de longs jours de marche et beaucoup de stress et vivent dans des conditions très difficiles », a expliqué Eric Grimaldi de Médecins sans frontières (MSF).

Ces réfugiés se sont installés dans une soixantaine de villages, à l’est du Cameroun, mais depuis lors leur état de santé ne semble pas s’être amélioré d’autant que le taux de mortalité dans cette communauté est de trois à sept décès pour 10 000 personnes par jour.

Selon MSF, la situation est particulièrement mauvaise à Ngaoui, un village de la province d’Adamaoua qui abrite quelque 5 000 réfugiés et accueille chaque mois une centaine de nouveaux réfugiés.

« Ils [les réfugiés] souffrent de malnutrition, de typhoïde et de maladies amibiennes », a indiqué une infirmière d’un hôpital missionnaire de la petite localité de Letta, à l’est du Cameroun. « La santé des réfugiés est vraiment mauvaise […] Ils arrivent toujours alors qu’ils sont dans un état critique ».

Une forme rare de paralysie

Selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), le taux de malnutrition chez les enfants de moins de cinq ans a atteint 17,2 pour cent.

MSF a enregistré plusieurs cas de tuberculose et une cinquantaine de cas rares de paralysie appelée ‘konzo’. Connue aussi sous le nom de « maladie du pauvre », le ‘konzo’ résulte d’une alimentation basée uniquement sur la consommation de manioc amer, un aliment très bon marché, mais pauvre en vitamines et peu nutritif.

Ce manioc, qui contient aussi du cyanure, devient très toxique lorsqu’il est mal cuisiné. Il provoque alors une paralysie irréversible des membres inférieurs et peut entraîner des problèmes de vue et d’audition.

« « Nous avons rencontré des familles dans lesquelles plusieurs enfants sont aujourd’hui paralysés », a confié Eric Grimaldi de MSF, qui souligne que les autorités camerounaises sont démunies face à cette maladie.

Difficulté d’accès aux centres nutritionnels

Sur le plan nutritionnel, la situation est tout « aussi alarmante », selon MSF, au point que depuis juillet, le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, le Programme alimentaire mondial (PAM), MSF, et CARE, une autre agence humanitaire, en collaboration avec le ministère camerounais de la Santé publique, ont commencé à distribuer des rations alimentaires mensuelles.

Cinq centres nutritionnels ont également été créés, mais les réfugiés sont installés sur une région si vaste « qu’ils ont des problèmes de transport pour accéder à ces centres », a expliqué à IRN Jacques Franquin, le représentant au Cameroun du HCR. « Il est de plus en plus difficile pour une mère de rester un mois avec un de ses enfants dans un centre nutritionnel en laissant les autres à la maison ».

Mais ces réfugiés ont aussi un accès limité aux soins de santé en raison du mauvais état des routes et du sous-équipement des centres de santé.

Des problèmes de ravitaillement en eau

Beaucoup de réfugiés sont aussi confrontés à des problèmes de ravitaillement en eau.

« Il nous faut six à sept heures pour trouver de l’eau », a confié Aladji Abdoulaye Gidjo Gargain, père d’une famille réfugiée à Borongo, à 450 kilomètres au nord-est de Yaoundé, la capitale camerounaise. « Quand nous étions en RCA, nous n’avions pas ce problème ».

« L’arrivée des réfugiés a créé des déséquilibres », a expliqué M. Franquin du HCR. « Ils n’ont toujours pas accès aux puits des Camerounais, soit parce qu’ils n’en n’ont pas les moyens soit parce les réserves d’eau ne sont pas suffisantes pour être partagées », a-t-il fait remarqué.

Le HCR a pu construire 15 nouveaux puits, mais il en faudrait 10 fois plus.

« Beaucoup de points d’eau dans la région sont déjà à sec, alors que la saison sèche n’a pas encore commencé », s’est inquiété M. Grimaldi.

Des réfugiés traumatisés

Bon nombre de réfugiés sont encore traumatisés par les agressions et les enlèvements qu’ils sont subis, a ajouté M. Grimaldi.

« Nous nous sommes rendus compte que des enfants refusaient de manger parce qu’ils étaient traumatisés par ce qu’ils avaient vécu et vu », a-t-il confié.

Malheureusement, a-t-il poursuivi, personne n’a pris le temps et n’a le temps de traiter ces traumatismes psychologiques.

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Publié dans DROITS DE L'HOMME

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