CENTRAFRIQUE - DIALOGUE POLITIQUE : « NOUS AVONS TOUS LA RESPONSABILITE DE SAUVER NOTRE PAYS DU STADE ACTUEL » SELON O. GABIRAULT

Publié le par le confident

108622-155180-1-.jpgLe Confident (LC) : Monsieur Olivier Gabirault, vous êtes le Président de l'ADP, parti membre de l'UFVN. Votre groupement a accepté de participer à la réunion de Concertation sur le Dialogue Politique organisée par le BONUCA en partenariat avec le Centre pour le Dialogue Humanitaire. Comment l'opposition démocratique a-t-elle apprécié la démarche du BONUCA ?

Olivier Gabirault: (OG) La démarche du BONUCA de réunir dans un premier temps les différents acteurs de la vie nationale pour des échanges informels sur le Dialogue Politique a donné des résultats qui n'étaient pas perceptibles au début.

Deux points me paraissent très importants dans cette concertation :

Tout d'abord la rencontre s'est tenue dans un climat tout à fait responsable, détendu et même fraternel entre l'opposition politique et la majorité présidentielle sur des questions qui semblaient les diviser profondément au début. Ce climat est à mon avis essentiel pour la suite du processus, s'il est maintenu. Il serait le symbole d'une prise de conscience très importante car en réalité entre ces deux entités, il devrait normalement y avoir un seul point commun qui est l'intérêt supérieur de la Nation.

Le second point concerne la démarche du BONUCA qui s'est révélée en fin de compte tout à fait lumineuse, car elle a permis de frayer un chemin dans une jungle épaisse, par lequel les différents acteurs de la vie nationale se sont dirigés vers un consensus déterminant au sujet du Dialogue Politique Inclusif.

LC : Cette concertation des forces vives a jeté les bases pour le dialogue politique. Quelles ont été les différentes questions qui ont été traitées au cours de cette réunion ?

OG: Le principe du Dialogue Politique étant finalement accepté par tous, il a été essentiellement question de tout le processus devant rendre sa tenue effective. A ce sujet, un consensus s'est dégagé essentiellement sur les divers points suivants :
-La nécessité et l'urgence du Dialogue qui doit être non seulement différent du Dialogue National, mais inclusif, en particulier au regard des groupes politico- militaires;
-Les garanties devant être données par le Chef de l'Etat quant au caractère exécutoire et à la mise en œuvre effective des recommandations qui seront issues du Dialogue Politique Inclusif ;
-Le Dialogue doit s'inscrire dans le cadre des institutions de la République ;
-Le caractère essentiellement politique du Dialogue.

Le principe de la création dans un très bref délai d'un Comité Préparatoire devant définir le contenu et l'organisation du Dialogue a par ailleurs été retenu. Il doit être institué par le Chef de l'Etat par décret et comprendre à nombre égal, dans une fourchette comprise entre 15 et 45 membres, les représentants de la Majorité présidentielle, de l'Opposition Démocratique et de la Rébellion armée.
Il convient de noter que c'est le Comité qui aura à déterminer l'agenda et le calendrier du Dialogue.
2- Des divergences concernent par contre la participation de la société civile dont l'apport, sans être négligeable, devrait se limiter, selon l'Opposition Démocratique, à un caractère essentiellement consultatif.
3- Une autre question non encore réglée concerne la participation du gouvernement ou des institutions souhaitée par certains participants.
Présidence du Comité Préparatoire : Le vœu est qu'une personnalité ou institution neutre assure cette fonction.
L'Opposition Démocratique a émis quant à elle le vœu que le Centre pour le Dialogue Humanitaire qui a dirigé avec compétence et expérience la réunion de concertation assure non seulement la présidence du Comité préparatoire, mais s'implique pour toute la suite du déroulement du processus Cette proposition n'a rencontré aucune objection des participants.
Contenu des travaux du Comité : trois thématiques ont été retenues sur la base des diverses interventions des participants,  
Questions politiques et gouvernance; Situation sécuritaire et groupes armés; Développement socio- économique.
Il convient de noter que ce point n'a pas été abordé en détail car il relève de la compétence du Comité Préparatoire.
Au sujet de la participation des groupes politico-militaires, de la diaspora et des leaders politiques en exil, un consensus s'est dégagé. Cependant les points concernant leur sécurité, la question de l'amnistie, en particulier pour ceux qui résident à l'Etranger doivent être examinés par les instances compétentes.
Lieu du Dialogue Politique : La majorité des participants souhaite que le Dialogue Politique se tienne à BANGUI, contrairement à l'Opposition qui estime que cela ne pourrait être possible qu'en fonction de l'avis de la rébellion armée pour d'éventuelles questions de sécurité.
L'implication de la Communauté internationale dans le processus a été vivement souhaitée, notamment en ce qui concerne son financement.

LC : L'UFVN avait adressé un mémorandum au Chef de l'Etat François Bozizé au sujet du Dialogue Politique. De même, aujourd'hui, le Groupe des Sages a pris des contacts dans le cadre des préparatifs du forum inter centrafricain et a fait un rapport de sa mission. Les participants à ce forum ont-ils pris en compte les propositions faites dans ces deux documents ?

Le Mémorandum de l'Union des Forces Vives de la Nation, le Rapport du comité des Sages et tout autre document seront examinés par le Comité Préparatoire.

LC : Comment l'opposition démocratique a-t-elle apprécié l'absence du gouvernement et des opposants armés ou de leurs représentants à cette Concertation ?

OG:L'absence du Gouvernement est surprenante dès l'instant où cette réunion de concertation fait suite à la récente déclaration du Président de la République au sujet de la tenue du Dialogue Politique.
Il a été noté au sujet de cette absence que le Conseiller et Porte Parole du Chef de l'Etat s'est finalement dédoublé en Chef de parti et en Représentant de l'Exécutif.
En ce qui concerne la rébellion armée, c'est la lecture du résumé des points de vue des participants mentionnant sa présence dans la salle avec la majorité présidentielle, la société civile et l'opposition démocratique qui nous a permis de savoir qu'elle a été représentée.

LC : Quelle est la position des opposants politiques par rapport au pré dialogue ?

OG: Comme je l'ai dit tout au début de cet entretien, l'opposition démocratique est satisfaite du processus du Dialogue Politique qui a débuté par cette concertation, même si le plus grand travail de préparation doit se faire par le Comité Préparatoire auquel elle va participer.
Son vœu le plus cher est que le Dialogue Politique ne soit pas une fois de plus une question d'intérêt égoïste au détriment de celui du peuple centrafricain qui croupit sous le poids d'une misère graduelle et de diverses souffrances.
Nous avons tous au stade où notre pays est arrivé, la responsabilité de le sauver et devons taire nos divergences politiques car Dieu, la Nation et l'Histoire nous observent, certainement pour la dernière fois.


Mardi 28 Août 2007
 
Propos recueillis par Paul Gové
 


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Publié dans INTERVIEWS

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