Présidentielle en Sierra Leone : l'opposition tient la corde en vue du 2e tour

Publié le par A.F.P

FREETOWN (AFP) - mardi 21 août 2007 - 15h04 - Le deuxième tour de la présidentielle enpresidentielle-en-sierra-leone-un-second-tour-sera-necessaire-resize-crop320par220.jpg Sierra Leone fera l'objet d'un duel entre l'opposant Ernest Koroma et le vice-président sortant Solomon Berewa, qui se trouve déjà en position délicate face à une union annoncée entre les deux principaux partis d'opposition.

Avec quelque 44% des voix, M. Koroma, du Congrès de tout le peuple (APC), arrive en tête du premier tour du 11 août, selon des résultats portant sur 93% des bureaux de vote, annoncés lundi par la Commission nationale des élections (NEC).

Solomon Berewa, candidat du Parti du peuple de Sierra Leone (SLPP, au pouvoir) adoubé par le président sortant Ahmad Tejan Kabbah, arrive en seconde position avec 38% des voix et défiera au deuxième tour le chef de l'APC.

Au vu des résultats, le vice-président sortant semble avoir pâti du bilan en demi-teinte du gouvernement de M. Kabbah, incapable d'améliorer significativement les conditions de vie des Sierra-Léonais, dans un état de grave pauvreté depuis la fin de la guerre (1991-2001).

"Ce n'est pas Koroma qui a gagné en popularité, c'est le gouvernement qui a perdu des soutiens", commente Abu Brima, du Mouvement du réseau pour la justice et le développement, une ONG de défense des droits de l'Homme.

Une faiblesse qu'a su exploiter M. Koroma. En prenant le bilan du SLPP pour cible, le deuxième de la présidentielle de 2002 a su incarner le changement, même s'il se présente sous la bannière d'un ancien parti unique qui a mis le pays sous sa coupe entre 1968 et 1992.

"Koroma est considéré comme un politicien d'alternance qui n'a pas de passé malhonnête et les jeunes électeurs n'ont pas vécu l'époque du gouvernement de l'APC", explique Ben Kargboe, directeur du quotidien privé New Citizen.

"Le développement a été lent, les niveaux de pauvreté se sont aggravés et rien ne semble évoluer. C'est un vote de protestation, les gens veulent du changement. Même si Koroma est issu d'un ancien parti associé à la violence, il ne fait personnellement pas partie de la vieille garde", confirme M. Brima.

A 69 ans, M. Berewa s'était pourtant efforcé de se forger ces derniers mois une image de politicien dynamique, en rupture avec celle d'un prédécesseur souvent taxé d'immobilisme.

Mais il a également souffert de la candidature et du bon score de Charles Margai, son ancien rival pour l'investiture du SLPP devenu chef du Mouvement du peuple pour un changement démocratique (PMDC).

Pour Abdul Lamin, professeur de relations internationales basé en Afrique du Sud, "le facteur PMDC et l'incapacité du SLPP à faire valoir ses réussites ont aidé à propulser l'APC".

M. Margai a obtenu 14% des suffrages et a déjà confié à des proches son intention de soutenir M. Koroma au deuxième tour. Un choix qui pourrait se révéler fatal pour M. Berewa, vu la portion congrue de l'électorat (4%) ayant voté pour d'autres candidats.

Les électeurs se sont déplacés en masse le 11 août pour des élections présidentielle et législatives marquées par une participation record de plus de 75%, manifestant un profond désir de changement après une histoire récente rythmée par les coups d'Etat et une guerre civile qui figure parmi les plus violentes de l'histoire moderne.

Le bon déroulement des opérations de vote, qui avaient des allures de test démocratique pour l'ancienne colonie britannique, et le calme entourant pour l'instant la publication des résultats ont rassuré les observateurs qui redoutaient l'instrumentalisation éventuelle de jeunes fauteurs de troubles par des candidats mécontents.

Publié dans L'AFRIQUE

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